Les artistes du mouvement Dansaekhwa gardent une place importante sur le marché mondial. Les nouvelles générations émergent aussi.
Corée du Sud.« Les modernistes exercent toujours une influence dominante sur l’art contemporain coréen »,écrit Henna Joo, professeure associée à l’École supérieure des arts et de la gestion culturelle de l’université Hongik (Séoul) dans un rapport de 2022 du Korean Arts Management Service. Les néoréalistes menés par Kim Whanki (1913-1974) et Yoo Youngkuk (1916-2002), à l’origine du modernisme et de l’abstractionnisme dans l’art coréen, continuent de bien se vendre. Leurs élèves, parmi lesquels on retrouve Park Seo-bo (1931-2023), Chung Sang-Hwa (né en 1932) ou encore Ha Chong Hyun (né en 1935) forment « la génération Dansaekhwa qui est associée au principal succès de l’art contemporain coréen », souligne encore la professeure Henna Joo. C’est aussi celle qui a acquis une renommée internationale tardivement dans les années 2010.
Cela se mesure dans les ventes aux enchères. Selon Artprice, les cinq artistes coréens enregistrant les plus gros produits de vente cette année dépassent et de loin les millions d’euros. Ce sont Kim Whanki (né en 1913) (10,2 M€), Lee Ufan (né en 1936) (6 M€), Kim Tschang-Yeul (1929-2021) (3,9 M€), Lee Bae (né en1956) ancien élève de Park Seo-bo et assistant de Lee Ufan (3,2 M€) et Yun Hyong-Keun (1928-2007) (2,9 M€). C’est aussi Kim Whanki, sans surprise, qui enregistre cette année les adjudications les plus importantes parmi les artistes coréens. Son œuvre 9-XII-71 #216 (1971) (voir ill.) a été adjugée 5,5 millions d’euros le 26 septembre chez Christie’s Hong Kong, et celle intitulée 3-V-71 #203 (1971) a été vendue 3,4 millions d’euros à la Seoul Auction.
La notoriété internationale de cette génération d’artistes s’impose toujours dans le classement, proposé par Artfacts, des artistes coréens les plus importants au monde en fonction du nombre d’expositions. Ainsi en tête se trouve Nam June Paik (1932-2006), artiste d’après-guerre connu pour ses sculptures et ses travaux en vidéo. Il est principalement exposé en Allemagne et aux États-Unis. Tout comme Haegue Yang (né en 1971) actuellement exposée à la Haywaard Gallery de Londres où l’on peut y voir certaines de ses installations d’art conceptuel. Dans ce classement vient ensuite Lee Ufan rattaché aux mouvements Dansaekhwa et Mono-ha. Son travail a déjà rejoint les collections de 25 musées dans le monde et il existe une fondation à son nom en France. Kimsooja (née en 1957), artiste multimédia conceptuel, elle, combine la performance, le film, la photo et l’installation en utilisant le textile, la lumière et le son. Enfin une autre artiste d’art contemporain, Lee Bul (née en 1964) a récemment investi de ses créations la façade du Metropolitan Museum à New York.
Le classement Artfacts permet de faire entrer d’autres générations d’artistes sur la scène internationale côtoyant les vétérans du secteur dans les musées, les foires et les biennales.
Après le mouvement Dansaekhwa, la professeure Henna Joo identifie six autres périodes artistiques. L’art expérimental avec Lee Kunyong (né en 1942), Lee Kang-So (né en 1943), et Sung NeungKyung (né en 1944) ; le néo-figuratif/minjung porté par Kim Youngwon (né en 1947), Lim OkSang (né en 1950) ou Kim Ho-Deuk (né en 1950) ; la génération 386 de Choi Jeong Hwa (né en 1961), Lee Bul (née en 1964) et Kim Heryun (né en 1964) ; la génération post-crise financière asiatique de 1997 comprenant Yang Haegue (1971), Sulki et Min (1977 et 1971).
C’est parmi les deux dernières générations nées après 1980 que l’on retrouve Woo Kukwon (né en 1976), Geumhyung Jeong (née en 1980), Kim Juree (né en 1981). Les artistes nés dans les années 90 commencent à se faire connaître en période post-pandémie tels Choi Haneyl (1991), Lee Dong-hun (1991), ou encore Roh Song-hee (1992).
Kim SunWoo (né en 1988) est de ceux qui enregistrent le plus de progression avec un chiffre d’affaires cette année de 0,4 million d’euros. Ses premières ventes aux enchères datent de seulement 2019. Passant de près de 4 000 euros à 870 000 euros en 2022, avec des ventes se faisant quasi exclusivement en Corée du Sud. Il se retrouve cette année, 60e dans le top 100 du rapport Artprice des artistes ultra contemporains. Hong Chang Hee, directeur des ventes à la Seoul Auction, a remarqué avec étonnement la flambée enregistrée depuis quatre ans par Kim SunWoo. « C’est un type de peinture et de dessin qui attire beaucoup les jeunes collectionneurs commençant à acheter », explique-t-il. « Et je crois que ce n’est pas fini. » Ils sont aussi attirés par les œuvres de Woo Kukwon. Lui aussi a connu une ascension fulgurante passant de 12 000 euros en 2019, à près de 3 millions d’euros en 2021.
Parmi les plus gros vendeurs ultra contemporains coréens, se trouve également Kwon Deekay (né en 1989) qui enregistre 0,2 million d’euros cette année. Il a vendu l’une de ses œuvres NFT chez Christie’s New York, en mai dernier pour 184 006 euros. Il fait, cette année, partie des 20 plus gros vendeurs mondiaux de NFT. Anna Park enregistre seulement 66 000 euros cette année qui n’est pas la plus représentative pour elle. Son premier tableau s’était vendu 267 808 euros en 2022. Quelques mois plus tard, elle entre dans les catalogues de Sotheby’s et Christie’s. L’année suivante, elle atteint plus de 1,1 million d’euros. Elle fait partie aussi des 100 artistes ultra contemporains avec les meilleurs chiffres, selon Artprice.
Aokizy (1988), qui s’illustre par ses peintures et sculptures très « manga », enregistre une baisse par rapport aux deux années précédentes, en réalisant des ventes à hauteur de 50 550 euros. Enfin, Jang Koal (1989) ferme la marche de ce top 5 avec 20 727 euros et vend le plus à Hong Kong et en Chine. Avec la Corée, ce sont les principaux acheteurs de cette jeune génération à qui il va encore falloir du temps pour concurrencer en Occident les vétérans modernistes et Dansaekhwa.
« La donation du siècle »
Samsung. En 2021, la famille de Lee Kun-hee, le défunt président du groupe Samsung, fait don de sa collection de 23 000 pièces regroupant des antiquités, des chefs-d’œuvre de l’art coréen moderne et contemporain ainsi que des peintures de grands artistes occidentaux. 1 488 œuvres sont données au National Museum of Modern and Contemporary Art (MMCA) de Séoul qui organise une exposition publique pendant près d’un an. Elle va attirer une foule de 250 000 visiteurs et stimuler l’intérêt du public pour l’art.
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Les artistes coréens d’art contemporain qui comptent
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°644 du 29 novembre 2024, avec le titre suivant : Les artistes coréens d’art contemporain qui comptent