Architecture - Fondation

La nouvelle machine artistique de Cartier

Par Mathieu Oui · L'ŒIL

Le 26 novembre 2024 - 463 mots

Entièrement transformé par les Ateliers Jean Nouvel, l’ancien immeuble des Grands magasins du Louvre accueillera les nouveaux espaces d’exposition de la Fondation d’art contemporain.

Pour marquer son 40e anniversaire, la Fondation Cartier pour l’art contemporain s’offre une nouvelle adresse. Ce sera la troisième de son histoire, après Jouy-en-Josas où elle fut créée en 1984, et celle du boulevard Raspail (14e arr.) où elle a emménagé en 1994 dans un édifice tout en transparence conçu par Jean Nouvel. À la fin de l’année prochaine, l’institution ouvrira au 2, place du Palais Royal, dans un bâtiment de 16 000 m2 de surface. Achevé en 1854, l’immeuble, dont la façade néoclassique est classée monument historique, fut longtemps un hôtel et un grand magasin avant d’accueillir le Louvre des antiquaires. Ce nouvel emplacement témoigne à la fois de la concentration des institutions artistiques au cœur de Paris et de la montée en puissance des fondations privées. La Fondation Cartier rejoint ses concurrents dans le carré VIP de la capitale, non loin de Lafayette Anticipations et de la Bourse de commerce – Pinault Collection. En périphérie ouest de la capitale, la Fondation LVMH fait jeu à part.

Un espace modulable à l’envi

Signe de la difficulté de trouver du foncier disponible, le choix de la Fondation Cartier s’est donc porté sur un édifice historique. À défaut de concevoir un bâtiment signal dans le paysage urbain – l’heure n’est plus au grand geste d’architecture –, Jean Nouvel a imaginé une « machine à exposition » inspirée de la scénographie des théâtres et des opéras. Tout le long des 150 mètres du bâtiment, se succèdent cinq imposantes plateformes en acier. Chacune peut être déplacée en hauteur par un mécanisme complexe de poulies et de câbles, un principe également mis en place par Rem Koolhaas au sein de Lafayette Anticipations. Par ce dispositif, artistes et commissaires d’exposition pourront configurer l’espace à leur guise, et concevoir une scénographie à chaque fois spécifique au projet. L’espace avec sa spectaculaire hauteur sous plafond (11 mètres) pourra accueillir des pièces monumentales. On peut toutefois se poser la question de la praticité de ce « méga-outil » ou se demander comment des propositions plus intimes pourront y trouver leur place. Depuis la rue, les œuvres seront visibles à travers les façades vitrées, une façon de prolonger la porosité entre intérieur et extérieur, déjà effective au boulevard Raspail. Une partie des plateaux seront éclairés par des verrières donnant sur des atriums intérieurs plantés d’arbres. L’immeuble, qui offrira 6 500 m2 de surface d’exposition (soit quatre fois plus qu’au boulevard Raspail), comprendra aussi des bureaux dans les étages, un auditorium de 120 places, un espace pédagogique, un restaurant, une librairie. La première exposition, consacrée à la collection de la Fondation, qui compte 4 500 œuvres, sera annoncée lors de l’inauguration fin 2025.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°781 du 1 décembre 2024, avec le titre suivant : La nouvelle machine artistique de Cartier

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