Qu’il édifie de grands musées ou des abris d’urgence, le nouveau lauréat du Praemium Imperiale défend une architecture au service du plus grand nombre.
Dix ans après avoir obtenu le prix Pritzker (2014), le Japonais Shigeru Ban vient d’être récompensé du Praemium Imperiale d’architecture, remis par la Japan Art Association. Né en 1957 à Tokyo, le lauréat s’est formé dans son pays avant de poursuivre ses études aux États-Unis. Son agence, créée en 1985, comprend aujourd’hui 80 collaborateurs répartis dans trois bureaux à Tokyo, Paris et New York. En France, on lui doit notamment le Centre Pompidou-Metz (2009) et la Seine Musicale à Boulogne (2016), deux édifices construits en association avec Jean de Gastines, son associé pour le bureau européen depuis 1999. Convaincu du rôle social de sa profession « qui ne doit pas se limiter aux seules classes privilégiées », l’architecte est engagé depuis trente ans sur le terrain humanitaire. En 1994, le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés lui demande de construire des abris pour un camp de réfugiés rwandais. L’année suivante, le tremblement de terre de Kobe au Japon, l’un des plus forts dans l’archipel depuis des décennies détruit plus de 120 000 bâtiments. Pour héberger les survivants et les déplacés, Ban met au point un habitat temporaire, peu coûteux et facile à démonter. Adepte d’une architecture légère qui valorise les matériaux délaissés, il utilise des tubes de carton pour les murs et de la toile de tente en guise de toiture. En 1995, le Japonais crée l’ONG Voluntary Architects Network (VAN), intervenue depuis sur de nombreuses zones de catastrophes naturelles et terrains de guerre. En 2022, l’ONG a mis à disposition des cloisons en papier habillées de tissu pour assurer un minimum d’intimité aux réfugiés de la guerre en Ukraine. Elle s’est aussi engagée dans la construction d’un nouveau service de chirurgie pour l’hôpital de Lviv. En début d’année, des maisons en bois lamellé-collé (DLT) ont été montées pour les victimes du séisme de la péninsule de Noto (Japon). Dans un registre plus classique, son agence vient de livrer le Musée Toyota City (Japon), constitué d’une imposante armature de piliers en cèdre. Un même principe de colonnes, cette fois déclinées en bambous, qui supportent l’imposante toiture du nouveau musée de Lianghzhou en Chine. Shigeru Ban prépare pour l’Exposition universelle d’Osaka 2025, le pavillon « Blue Ocean Dome », une structure de tubes en carton et bambous laminés recouverte de plastique renforcé en carbone, matériau retenu pour sa légèreté. Une approche toujours aussi constructive, généreuse et pragmatique, quelles que soient les personnes concernées.
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Shigeru Ban, l’architecture pour tous
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°780 du 1 novembre 2024, avec le titre suivant : Shigeru Ban, l’architecture pour tous