Sériciculture artistique

L’artiste a appliqué à l’aménagement de cet espace le principe de la grille qu’il avait, déjà, emprunté à Mondrian pour sa fameuse série Drum and Bass. Cet assemblage d’objets domestiques colorés posés sur des étagères mime en effet la composition en damier du peintre, entre citation explicite et réflexion sur la façon dont l’art s’inscrit dans le décor. Justement : dans le bâtiment de la fondation, il a fallu renoncer aux casiers de livres en hauteur et, pour les remplacer, le plasticien a proposé un très grand mural horizontal. Imprimé sur une toile tendue et visible à travers la façade vitrée depuis l’extérieur, ce vaste panneau a vocation à se renouveler au gré d’un programme spécifique. Mathieu Mercier l’inaugure avec un nuancier de couleurs, un thème récurrent dans son travail. Ce dessin quadrillé évoquant une palette Pantone dormait dans ses tiroirs depuis une dizaine d’années ; il trouve ici sa réalisation formelle à grande échelle. Et se double d’une déclinaison textile : un rectangle en soie sur le même motif, édité en 200 exemplaires numérotés (plus 26 exemplaires roulottés main). Commercialisé par la Fondation Pernod Ricard et sur Internet, c’est le premier foulard d’une marque baptisée Bombyx-Mama que Mathieu Mercier lance avec un associé duchampien, et dont il assurera la direction artistique (www.bombyxmama.com). D’autres modèles verront le jour, signés Benoît Maire, Constance Guisset, Le Gentil Garçon, Isabelle Cornaro, Sylvie Fleury, pour n’en citer que quelques-uns. Ou comment, en dessinant une bibliothèque, il peut arriver que l’on imagine une ligne d’accessoires conçus et dessinés par des artistes.