Sandrine Thiébaud-Mathieu, lauréate de L’Œil au salon Réalités nouvelles

De ce savant assemblage naissent d’étranges mondes, une tectonique imaginaire faite de monts et de creux, de plis et de plissés. Influencé par ses randonnées en montagne, ce travail poétique a donné naissance à Il y a l’envergure qui lutte contre le vent, l’œuvre que le magazine L’Œil a distinguée cette année au salon Réalités nouvelles, et qui fait penser aux plans reliefs d’antan. Cette inspiration montagnarde est pourtant bien éloignée des bases géographiques de cette littéraire, originaire de Troyes, immergée dès l’enfance dans le monde du textile. Après les Beaux-Arts de Troyes, celle qui, clin d’œil de l’existence, habitait dans sa jeunesse juste à côté de l’usine Aiguilles et Platines, se destine d’abord à la peinture. Pour donner du relief à ses premières œuvres, la voilà qui récupère quelques épingles dans la boite à couture de sa grand-mère. Et, de fil en épingle, fait disparaître progressivement la peinture, pour s’intéresser à la matière brute, à la toile, au châssis… et au tissu. Ce sont les textiles anciens, ceux qui racontent une histoire et dont elle accumule les coupons, qui lui soufflent son inspiration. Des milliers de pointes d’épingles, souvent cachées, parfois apparentes, transfigurent ensuite la matière, et font œuvre sous ses doigts.