SAINT-NAZAIRE
La municipalité a annoncé son intention d’interrompre pendant au moins deux ans les expositions organisées dans l’ancienne base sous-marine par le centre d’art.
Saint-Nazaire (Loire-Atlantique). Si la régie directe d’un établissement culturel par une collectivité locale offre souvent la garantie d’une bonne gestion administrative, elle peut parfois être source de tensions. C’est ce que vient illustrer la crise que traverse actuellement Le Grand Café, à Saint-Nazaire. Celle-ci a éclaté au grand jour début juillet, lors du vernissage de l’exposition « Bruit rose », de Stéphane Thidet, organisée au Life par le centre d’art. Tracts distribués par des artistes, huées dans l’assistance pendant le discours de l’adjoint au maire chargé de la culture, prises de parole de Dominique Poirout, vice-présidente au Département chargée de la culture, et de Marc Le Bourhis, directeur régional des Affaires culturelles (Pays de la Loire), en soutien à l’action menée par le Grand Café depuis son ouverture en 2007…
Ce petit chahut, dont la presse locale s’est fait l’écho, met sur la place publique un malaise qui couvait depuis plusieurs mois. En cause, la décision par la nouvelle majorité municipale d’interrompre en 2023 la programmation d’art contemporain dans les espaces du Life. Ce, alors même que le label « Centre d’art contemporain d’intérêt national » a été décerné au Grand Café, en 2018, sur le principe d’un projet artistique et culturel incluant l’ancienne base sous-marine reconvertie en lieu d’exposition, les équipes des deux structures ayant même fusionné.
Que se passe-t-il à Saint-Nazaire ? La nouvelle Mairie (PS) a choisi de « remettre à plat une programmation qui était uniquement dédiée à l’art contemporain », explique Michel Ray, l’adjoint à la culture. « Saint-Nazaire, récemment labellisée “Ville d’art et d’histoire”, souhaite développer d’autres thématiques, précise Michel Ray. Il s’agit de faire un peu de place à d’autres rendez-vous. » Alors que depuis 2009, le Grand Café présentait une création au Life de juin à octobre, la municipalité a dévoilé pour l’été prochain son propre projet d’exposition, autour de l’innovation industrielle et de la transition écologique, ceci au risque de confondre la communication et la culture. « Il faut ouvrir le Life », martèle l’adjoint à la culture. Toutefois, il est difficile de comprendre quelle est la vision de la Ville pour le lieu. Il a ainsi été question à l’horizon 2024 d’une exposition consacrée au mouvement Art déco et à son expression à bord des paquebots comme au sein de la cité portuaire. Mais la configuration du Life, dont les espaces ne répondent pas aux normes muséales, est peu compatible avec un tel projet. Difficile également de saisir la stratégie à l’œuvre. « Le Grand Café reste le Grand Café », se défend Michel Ray. Mais comment est-ce possible en privant le centre d’art d’une exposition saisonnière dont la fréquentation (entre 25 000 et 30 000 visiteurs, voire plus de 50 000 en 2014 lors de l’exposition « Distance », de Jeppe Hein) constitue les deux tiers de ses entrées ? « Ces sujets seront tranchés d’ici à la fin de l’année », élude l’adjoint à la culture, qui rappelle que le Grand Café devra aussi fermer pour de nécessaires travaux de rénovation pendant la durée desquels « l’équipe sera nomade ». Pas très rassurant.
Face à la polémique et devant le succès record de l’exposition en cours (35 000 visiteurs au 31 août pour « Bruit rose », soit une fréquentation journalière moyenne de 745 personnes), la municipalité abat son joker en annonçant la création d’un parcours d’art contemporain dans l’espace public. « Un budget de 600 000 euros a été voté dans le cadre d’un projet pluriannuel étalé jusqu’en 2029 », assure Michel Ray. Mais il est trop tôt pour en savoir davantage sur ce parcours en plein air.
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À Saint-Nazaire, le Grand Café privé de LiFE
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°595 du 23 septembre 2022, avec le titre suivant : À Saint-Nazaire, le Grand Café privé de Life