Trisha Brown a toujours entretenu un lien étroit avec les arts plastiques (comme l’autre grande figure de la Postmodern dance, Merce Cunningham). La chorégraphe américaine collabore avec des plasticiens, mais dessine aussi avec passion (ses œuvres graphiques ont été exposées au Mac de Lyon en 2010).
Quatre des six pièces présentées par la Trisha Brown Company au Théâtre de la Ville en octobre – étape parisienne d’une tournée mondiale de trois ans – témoignent magnifiquement de ce dialogue fécond, dont Newark (1987), scénographiée et orchestrée par l’artiste minimaliste Donald Judd, Astral Convertible (1989), Foray Forêt (1990) et If You Couldn’t See Me (1994), conçues avec Robert Rauschenberg. Ce dernier commence à travailler avec Trisha Brown en 1979, pour Glacial Decoy, au moment même où la chorégraphe quitte les lieux alternatifs (toits, rues, galeries) pour revenir sur scène. Il sera son complice sur de nombreux projets, créant les costumes, la lumière, les décors. Mais « décor » n’est pas le mot juste. Dans les collaborations initiées par Trisha Brown, les propositions plastiques ne sont pas juxtaposées, « plaquées » à la danse, comme un parement sur une façade. Elles l’infusent au contraire en profondeur. Quand, dans Astral Convertible, Robert Rauschenberg munit les projecteurs de capteurs sensibles aux mouvements des danseurs, il redéfinit entièrement les rapports entre le son, la lumière et les interprètes, devenus eux-mêmes des « producteurs ». Avec ses fonds de scène colorés comme des monochromes, Donald Judd intensifie l’aspect calligraphique de la danse géométrique de Newark. Les jaunes, bleus et rouges tranchent avec les académiques gris. La couleur transforme l’espace de ses vibrations, l’ouvre ou le réduit. Trisha Brown dit s’y être « battue » contre la couleur afin d’instaurer une relation avec la danse et faire de Newark l’une des plus belles pièces de son répertoire – son chef-d’œuvre pour certains. La chorégraphe de 77 ans ne sera pas dans la salle du Théâtre de la Ville pour assister à la première. Atteinte de la maladie d’Alzheimer, elle ne voyage plus. « Proscenium Works » est sa tournée d’adieux. Une raison de plus pour réserver sa place à l’une des soirées (A ou B) programmées. Voire aux deux.
Quoi ?
« Proscenium Works ». Programme A : For MG The Movie – Homemade – Newark (Niweorce)
Programme B : Foray Forêt – If You Couldn’t See Me – Astral Convertible
Où ?
Théâtre de la Ville de Paris
Quand ?
Du 22 au 26 octobre (soirées A) et du 28 octobre au 1er novembre 2013 (soirées B)
Comment ?
www.theatredelaville-paris.com
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Proscenium Works, l’adieu de Trisha Brown
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°661 du 1 octobre 2013, avec le titre suivant : Proscenium Works, l’adieu de Trisha Brown