Le Chipperfield nouveau est arrivé ! L’architecte britannique, basé à Londres, Hambourg et Milan, qui accumule récompenses et distinctions, a livré, le 28 janvier, l’extension du Musée Folkwang, à Essen (Allemagne).
Qualifié en 1932, en raison de la richesse de ses collections, de « plus beau musée du monde » par Paul J. Sachs, cofondateur du Museum of Modern Art (MoMA) de New York, le Musée Folkwang explosait entre les murs sobres et étroits d’un bâtiment datant du début des années 1960. L’extension, depuis longtemps nécessaire, est enfin réalisée grâce au choix d’Essen comme capitale européenne de la culture en cette année 2010. De David Chipperfield, on connaît nombre de bâtiments solidement ancrés dans le sol, denses, presque lourds, où dominent la pierre et le béton. À Essen, l’architecte inverse sa manière et opte pour la légèreté. Il déploie un minimalisme léger et efficace, choisit le verre comme matière dominante. Le résultat est une enveloppe très largement ouverte sur la ville, transparente et translucide, « traversante » en quelque sorte, génératrice d’échange et de dialogue.
La vaste entrée, les larges circulations, l’enchaînement des patios, la multiplication des espaces de repos accentuent le sentiment de légèreté et invitent à une promenade sereine. À cet ensemble, se superposent les salles d’exposition, entièrement closes et à l’éclairage zénithal parfaitement dosé. Cette inversion dialectique, qui qualifie ce musée à la fois très ouvert sur la ville et très refermé sur lui-même, se développe au plus grand profit des œuvres exposées, où dominent actuellement les Américains (Franz Kline, Morris Louis, Jackson Pollock, Ad Reinhardt, Frank Stella, Andy Warhol…) en attendant, à l’automne prochain, une grande exposition sur « Les impressionnistes à Paris ». Notons également, à l’actif de Chipperfield, la parfaite liaison opérée entre son bâtiment et celui des années 1960, toute d’évidence et de fluidité.
Que reprocher, donc, à cette architecture (22 650 m2 pour un budget de 55 millions d’euros) de retenue et, même, d’effacement ? D’être, justement, trop lisse, trop nette, trop désincarnée, à l’image d’ailleurs de l’accrochage lui aussi trop de rigueur et d’ordre. Certes, on est loin de ces gestes monumentaux auxquels nous sommes habitués depuis quelques années et qui rendent le contenant plus touristique que le contenu. Une retenue qui suscitait, lors de la visite, chez le critique et historien François Chaslin, cette réflexion : « Je me demande ce que les gens penseront de cette architecture dans vingt ans. » Signalons encore la collection photographique, d’une exceptionnelle richesse, du Musée Folkwang, au sein de laquelle on note néanmoins l’absence de Hans Namuth, pourtant né à Essen.
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Minimalisme amplificateur
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°320 du 5 mars 2010, avec le titre suivant : Minimalisme amplificateur