CLICHY
L'agence loue des ateliers aux créateurs et leur offre toute une palette de services dans une tour en attente de rénovation située aux portes de Paris.
Les artistes ont besoin d’un atelier, c’est entendu, mais ils ont aussi besoin de conseils pour commencer ou consolider leur carrière. C’est sur ce double constat que la société Manifesto vient d’ouvrir le premier incubateur d’artistes sur le modèle des incubateurs d’entreprises. Le lieu aurait dû être inauguré ces jours-ci mais, en raison de la crise du coronavirus, les festivités sont reportées à des jours meilleurs. L’endroit est tout aussi inhabituel que le concept : une tour de bureaux désaffectée et en attente de réhabilitation située à Clichy, en bordure du périphérique parisien. « La symbolique de cette tour à la fois dans le paysage parisien et hors de Paris prend un sens particulier dans le Grand Paris », relève Hervé Digne, le président de Manifesto. Sa société a signé une convention d’occupation précaire d’une durée de quatorze mois avec le promoteur immobilier. Pour l’instant, trois étages ont été réservés, avant « plus d’étages si affinités », sourit Hervé Digne.
Une trentaine d’artistes ont déjà emménagé à la suite d’un premier recrutement de Manifesto ; d’autres arriveront – à l’issue d’un appel à candidatures – une fois la crise terminée. Parmi les premiers locataires, plusieurs sont des artistes confirmés, à l’instar de l’Australienne Angelica Mesiti (44 ans) qui a représenté son pays à la Biennale de Venise 2019, ou de Pierre Clément (39 ans).
Mettre à disposition un atelier à Paris, même pour quatorze mois, est un soutien appréciable dans une ville qui n’est pas très accueillante pour les artistes. Mais il ne s’agit pas seulement de locaux. « Nous offrons un environnement et un ensemble de services qui répondent aux besoins spécifiques des artistes », explique Laure Confavreux-Colliex, la directrice générale de Manifesto. C’est précisément cette offre de services qui constitue la nouveauté du projet dénommé « Poush », lequel a vocation à essaimer dans les grandes métropoles françaises si la formule rencontre le succès.
Les résidents auront la possibilité de participer à une exposition collective et de bénéficier ainsi d’un accompagnement artistique étendu à la production d’œuvre par Yvannoé Kruger, le conseiller artistique de Manifesto, un « ex »-commissaire d’exposition du Palais de Tokyo. Mais ils pourront aussi rencontrer les professionnels du milieu de l’art que l’entreprise compte, à la faveur de divers événements, attirer à la tour de la porte Pouchet. Ils pourront également recevoir des conseils personnalisés de juristes, fiscalistes, agents d’artistes, communicants. « En France, les étudiants en art ne sont pas assez formés sur les aspects professionnels de leur future carrière d’artiste ; ils ont un besoin énorme de conseils pratiques que nous leur apportons au cours de rendez-vous individuels », relève Hervé Digne.
Tout cela a un prix pour les artistes, et c’est ainsi que Manifesto se rémunère. La location d’un atelier dans un des bureaux de la tour coûte 420 euros par mois, montant qui comprend l’environnement que l’on trouve dans un incubateur d’entreprises : l’accès à un espace de convivialité, à une cuisine collective, au Wi-Fi ; l’électricité, le chauffage ; la permanence d’un responsable de site, un accompagnement administratif ; un workshop collectif par mois…
L’originalité du programme « Poush » tient aussi à sa dimension socio-géographique. « Nous souhaitons que Poush soit une ressource pour la ville de Clichy », souligne Laure Confavreux-Colliex qui précise que les artistes pourront recevoir la visite de scolaires ou d’associations culturelles… lorsque le confinement sera levé.
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Manifesto invente le premier incubateur d’artistes
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°543 du 10 avril 2020, avec le titre suivant : Manifesto invente le premier incubateur d’artistes