À l’ère du numérique, l’Espace culturel Louis Vuitton explore la continuité de l’art postal.
PARIS - Posés dans un coin, deux cubes en cuivre portent les nombreuses traces de leurs manipulations, que rappellent encore des étiquettes d’expéditions collées par endroits (Copper (Fedex…), 2013). Ces œuvres de Walead Beshty, dont les titres presque infinis relatent avec précision les numéros d’enregistrement et itinéraires de ce qui est devenu de « simples » colis, rappellent que l’art postal connaît depuis quelques années un regain d’intérêt tant chez les amateurs que chez les artistes, quoique des formes de transmissions de l’œuvre d’art via les circuits de correspondances ne se soient jamais réellement taries.
Depuis la fin des années 1950, nombre d’artistes n’ont cessé d’y voir une manière de contourner formes et figures imposées par les institutions et le marché, tout en entretenant l’effet démultiplicateur offert par un tel mode d’expression. Eleanor Antin le souligna formidablement qui, entre 1971 et 1973, réalisa une série de cinquante photographies où une centaine de bottes en caoutchouc sont les actrices d’une interrogation perturbatrice du paysage ou d’un événement ; une fois devenus des cartes postales, ces clichés énigmatiques ont été diffusés chez un millier de correspondants (100 Boots).
Sous le regard d’Erik Verhagen, l’Espace culturel Louis Vuitton, à Paris, se penche sur le phénomène. Si « Correspondances » (avec 180 œuvres et douze artistes) ne prétend pas à une exhaustivité que la relativement modeste surface des lieux ne permet pas, elle n’en demeure pas moins bienvenue, grâce notamment à un regard précis et un choix d’œuvres rigoureux appelant justement plusieurs générations d’artistes. Depuis Ray Johnson, père de la discipline auquel rend hommage une très longue vitrine emplie de plus de 150 missives et autres collages, jusqu’à Danh Vô, en passant par Alighiero Boetti, Jan Dibbets ou Eugenio Dittborn. Ce dernier, toujours à ses travers ses peintures aéropostales expédiées, pliées dans des enveloppes en carton qui, lors du temps de la dictature chilienne, lui permirent de combattre l’isolement, imagine là une rencontre entre Ronsard et Ray Johnson (Ronsard meets Ray Johnson, 2012). Le sens du décalage et de la formule de Guillaume Leblon est aussi bienvenu – alors qu’il ne s’est jamais manifesté dans ce domaine –, en imaginant sur un mur une curieuse réminiscence d’une rue londonienne, avec une succession de fragments de portes percées de boîtes aux lettres variées (Entrance Doors, 2012).
Jusqu’au 5 mai, Espace culturel Louis Vuitton, 60, rue Bassano, 75008 Paris, tél. 01 53 57 52 03, commissaire Erik Verhagen
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Abonnez-vous dès 1 €Walead Beshty, FedEx® Large Kraft Box © 2008 FEDEX 330510 REV 6/08 GP, International Priority, Los Angeles- London trk#868587728039, October 2-5, 2009, International Priority, Sint-Denijis-Westrem-Malmö trk#873469750141, February 11-14, 2011, International Priority, Malmö-Mostolés trk#871976834324, June 10-13, 2011, International Priority, Mostolés-Oostende trk#797697550753, November 3-7, 2011, cuivre poli, labels d’envoi et de suivi FedEx, 70 x 70 x 70 cm. Courtesy de l’artiste, Regen Projects, Los Angeles, Thomas Dane Gallery, London, et Galerie Rodolphe Janssen, Brussels. © Photo : Hugh Kelly.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°388 du 29 mars 2013, avec le titre suivant : Mail art - Poste restante