Parallèlement à la Biennale de Venise, La Fenice programme en octobre le célèbre opéra de Puccini mis en scène par la plasticienne Mariko Mori.
À l’occasion de la Biennale de Venise, l’artiste japonaise Mariko Mori a été invitée à réaliser scénographie et costumes de Madame Butterfly dans la vénérable Fenice, une façon de repasser dans le viseur critique après une éclipse dans son parcours. Hélas, on retrouve Mori là où on l’avait quittée, il y a plus d’une décennie, lorsque la jeune femme détonnait avec son esthétique futuriste et remportait un prix à la Biennale de 1997. Aujourd’hui, le goût pour les pastels nacrés de la Nippone, les animations vidéo d’un high-tech finalement assez vieillot, les toges et coiffes dignes d’un groupuscule postraëlien, tout cela laisse circonspect.
À la lecture du livret remis avant la représentation, les visuels de précédentes mises en scène montrent que Bob Wilson avait déjà cédé à la tentation du minimalisme futuriste en 2001. Mais Mori pousse encore un peu plus l’épure en offrant une scène nue, simplement habillée d’un anneau de Moebius de huit mètres de long d’un gris iridescent. La proposition aurait pu séduire si l’objet central n’avait été autre chose que le symbole du cycle éternel de la vie et de la mort. Le casting en toges claires n’en fait guère usage et la philosophie orientale revendiquée par l’artiste est réduite à son minimum. Finalement, la mise en scène s’avère statique et désincarnée, un paradoxe pour un opéra si sentimental !
Si on le compare à la prodigieuse mise en scène de La Flûte enchantée par William Kentridge en 2006, l’exercice de Mori est timoré et replié sur une conception plastique du futur essorée, loin d’une esthétique manga ou d’innovations renversantes.
Ici, la sensation est celle d’ausculter un étrange objet du passé. Ainsi, ce premier partenariat entre la Biennale et le théâtre de La Fenice restera de l’ordre de la curiosité. Déjà présenté en juin, le spectacle reprendra en octobre. Peut-on le recommander ? Comme une bizarrerie et parce que son casting vocal est à la hauteur de l’opéra de Puccini, certainement.
Madame Butterfly, La Fenice (Venise), du 17 au 31 octobre 2013.www.teatro lafenice.it
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Madame Butterfly en mode rétrofuturiste
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°660 du 1 septembre 2013, avec le titre suivant : Madame Butterfly en mode rétrofuturiste