Traditionnellement, à côté des pavillons nationaux des Giardini, la Biennale de Venise accueille une grande exposition internationale. Organisée par Harald Szeemann, le clou de la manifestation a particulièrement déçu cette année, tant par le choix des artistes que par son thème aussi pompeux que creux : « le plateau de l’humanité ».
VENISE - Difficile de trouver une cohérence dans le pavillon italien des Giardini, l’espace dans lequel se déploie la première partie de la grande exposition imaginée par Harald Szeemann. La faute n’en revient pas tant à la qualité des pièces présentées – à l’image de la salle Cy Twombly, lauréat d’un Lion d’or (lire l’encadré), des peintures orange de Gerhard Richter, de l’installation vidéo d’Eulalia Valldosera, des photographies sans surprise de Jeff Wall, des acryliques d’Helmut Federle, ou de l’hommage à Chen Zhen – qu’à l’articulation des propositions qui arrivent difficilement à dialoguer ensemble.
Le contraste avec les Corderies de l’Arsenal est saisissant tant Szeemann semble au contraire avoir tenté un accrochage thématique. Là, le commissaire d’exposition suisse opère des rapprochements formels qui n’ont souvent aucune cohérence sur le fond et qui plombent la manifestation. L’exemple le plus éloquent est certainement constitué par la section “sport” qui réunit des artistes comme Ingeborg Lüscher, Gustavo Artigas ou Roderick Buchanan qui proposent tous ici des scènes de sports collectifs. Plus loin, avec tout autant de finesse, ont été réunis l’installation consumériste de Matthieu Laurette et les magasins de Barry McGee, Stephen Powers et Todd James. L’exposition réserve cependant de bons moments, comme la salle Richard Serra (l’autre Lion d’or) dont les plaques d’acier In/Out/Left/Right (2001), en partie produites par Artis (groupe François Pinault), pourraient rejoindre dans l’avenir l’île Seguin, à Boulogne.
Comme dans tous les grands rendez-vous internationaux de l’art contemporain, la vidéo est omniprésente. Ces œuvres sont ici projetées dans des espaces spécifiques, une solution qui améliore la présentation mais fragmente l’exposition. Parmi les pièces remarquables, figurent la Uomoduome d’Anri Sala ou Casting de João Onofre. Ailleurs, la photographie tire aussi son épingle du jeu, même si l’intention artistique semble parfois totalement absente de quelques propositions tenant davantage du reportage. Enfin, l’un des enseignements de la Biennale est qu’il ne suffit pas d’inviter des créateurs hors circuit international pour créer l’événement. Parfois, les artistes inconnus méritent de le rester.
Les prix de la 49e Biennale de Venise ont été distribués par un jury composé d’Ery Camara, Carolyn Christov-Bakargiev, Manray Hsu, Hans Ulrich Obrist et Virginia Pérez-Ratton. Les prix spéciaux de la “Biennale de Venise�? ont été décernés à Janet Cardiff et George Bures Miller, Marisa Merz et Pierre Huyghe. Des prix spéciaux pour des jeunes artistes ont été accordés à Federico Herrero, Anri Sala, John Pilson et A1-53167. Le Lion d’or du meilleur pavillon national a été attribué au pavillon allemand de Gregor Schneider. Des mentions ont été décernées à Yinka Shonibare, Tiong Ang, Samuel Beckett/Marin Karmitz et Juan Downey. Deux “maîtres�? de l’art contemporain se sont vu remettre un Lion d’or pour l’ensemble de leur carrière : Richard Serra et Cy Twombly. Enfin, un prix non officiel, celui de la Fondation Panathlon “Domenico Chiesa�?, a été décerné à Urs Lüthi.
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L’étrange humanité de la Biennale de Venise
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°130 du 29 juin 2001, avec le titre suivant : L’étrange humanité de la Biennale de Venise