À l’occasion du cycle « La BD à tous les étages » du Centre Pompidou, sept planches d’Éric Lambé intègrent la collection permanente du musée.
Jusqu’au 4 novembre, au Centre Pompidou, des planches d’auteurs historiques et contemporains dialoguent avec René Magritte, Mark Rothko ou Sam Francis. Dans ce cadre, le Centre a acheté les planches de dix auteurs de bande dessinée contemporains, témoignant d’une volonté de s’ouvrir à ce médium. Auparavant, seule une planche de L’Affaire Tournesol, un don la Fondation Hergé, était entrée dans les collections en 2006, suivie de quelques dessins de Robert Crumb.
Maître de la bande dessinée contemporaine belge, Éric Lambé intègre ainsi les collections du Centre Pompidou en même temps que de David B., Edmond Baudoin, Blutch, Nicolas de Crécy, Emmanuel Guibert, Benoît Jacques, Lorenzo Mattotti, Catherine Meurisse, ainsi que Fanny Michaëlis qui a créé l’affiche de « La BD à tous les étages ». Chercheur virtuose, l’illustrateur belge qui enseigne également dans la section BD des Écoles supérieures des arts Saint-Luc à Bruxelles incarne le renouveau du langage graphique d’une bande dessinée qui s’affranchit des codes, des cases et des bulles.
C’est une séquence narrative de sept planches du « Fils du Roi », considéré comme le grand œuvre d’Éric Lambé, publié en 2012 par les éditions Fremok, qui entre dans les collections. L’auteur y abandonne un système de narration verbale, pour un récit par l’image, dans une dérive onirique où se mêlent classicisme et grotesque. Sur cette planche présentée ici, des motifs abstraits deviennent comme des îles sortant de l’onde, qui se révèlent être des personnages, deux solitudes – l’ouvrage a failli s’appeler Deux Îles.
S’il vient de la culture punk et underground, Éric Lambé, grand lecteur de Fernando Pessoa, nourrit sa création d’un dialogue intense avec l’histoire de l’art. On retrouve dans Le Fils du roi des références à Picasso – à Guernica, au cubisme, à la déconstruction des formes –, à La Rue de Balthus (1933), à l’univers de Magritte ou aux tableaux d’intérieurs du Danois Vilhelm Hammershoi. De façon plus discrète, transparaissent des références à L’homme qui marche d’Alberto Giacometti et à George Grosz.
Le Fils du roi a été intégralement tracé au stylo Bic bleu et noir, sans scénario prédéfini – commençant comme un de ces dessins que l’on crayonne pour faire passer le temps. « La manière dont j’hachure les dessins est essentielle. Le temps passé à dessiner se voit. L’encre du bic est légèrement transparente et lorsque je croise les hachures en les superposant, elle laisse apparaître la mémoire du dessin. Le bic est un outil pratique et efficace qui me permet d’être dans une énergie brute, de faire coïncider le fond et la forme », confie Éric Lambé, en évoquant également son intérêt pour l’art brut, qui l’a convaincu d’utiliser ce médium.
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« Le Fils du roi » une planche d’Éric Lambé
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°779 du 1 octobre 2024, avec le titre suivant : "Le Fils du roi " une planche d’Éric Lambé