Australie - Biennale - Politique

L’Australie révoque son représentant à la prochaine Biennale de Venise

Par Cordelia Hales · lejournaldesarts.fr

Le 18 février 2025 - 427 mots

Khaled Sabsabi a été remercié une semaine après sa nomination en raison de ses prises de position sur le Proche-Orient.

Khaled Sabsabi. © Anna Kucera
Khaled Sabsabi.
© Anna Kucera

L’organisation artistique fédérale australienne Creative Australia avait annoncé la semaine dernière la nomination de l’artiste libano-australien Khaled Sabsabi pour représenter l’Australie à la Biennale de Venise 2026. Mais la nomination de l’artiste a suscité de vives réactions, et afin d’éviter toute controverse, Creative Australia a révoqué son choix.

Khaled Sabsabi est né en 1965 à Tripoli (Liban) et a émigré en Australie en 1978 pour échapper à la guerre civile libanaise. Dans son travail, l'artiste joue sur l'ambiguïté de lecture. Ainsi dans Naqshbandi Greenacre Engagement (2011), une installation vidéo représentant une cérémonie soufiste (une branche spirituelle de l'islam qui met l'accent sur l'expérience intérieure), le spectateur peut par exemple, à première vue, associer à tort les drapeaux rouge, vert et noir à la terreur islamique, mais « en y regardant de plus près, il s'avère qu'il s'agit des drapeaux du mouvement scout. C'est un geste délibérément provocateur », avait fait remarquer l'artiste sur la chaîne ABC

Si son travail a été récompensé à plusieurs reprises, certaines œuvres ont suscité des réactions mitigées, notamment l'installation vidéo You (2007). Dans cette œuvre, exposée au Musée d’art contemporain d'Australie à Sydney, Khaled Sabsabi a mis en scène un portrait de l'ancien chef terroriste du Hezbollah, Hassan Nasrallah, assassiné en septembre dernier par les Israéliens, accompagné d'un extrait vidéo de son discours de 2006. Dans ce portrait, Khaled Sabsabi fait jaillir des rayons de lumière des yeux de Hassan Nasrallah, suggérant une illumination divine. Cette décision est également liée aux positions politiques de l'artiste. En 2022, il avait boycotté avec d’autres artistes le festival de Sydney qui avait reçu un financement israélien.

La nomination de Khaled Sabsabi est immédiatement devenue un sujet politique. « Face à un antisémitisme aussi épouvantable dans notre pays, pourquoi le gouvernement d'Anthony Albanese permet-il à quelqu’un qui met en avant un chef terroriste dans son œuvre de représenter l'Australie sur la scène internationale ? » a demandé la sénatrice du parti libéral de centre-droit Claire Chandler. La ministre des Affaires étrangères d'Anthony Albanese, Penny Wong, a déclaré qu'elle n'était pas au courant de cette nomination mais qu'elle la jugeait inappropriée.

Khaled Sabsabi s’est dit attristé dans le Guardian : « L'art ne devrait pas être censuré, car les artistes reflètent l'époque dans laquelle ils vivent. Nous avions l'intention de présenter à Venise une œuvre transformatrice, une expérience qui rassemblerait tout le monde dans un espace commun ouvert et sûr ».

Creative Australia va maintenant choisir un autre artiste pour représenter l'Australie à la Biennale 2026.

Le pavillon de l'Australie, reconstruit en 2015 par l'agence Denton Corker Marshall, dans les Giardini de la Biennale de Venise. © Photo Ludovic Sanejouand, 2024
Le pavillon de l'Australie, reconstruit en 2015 par l'agence Denton Corker Marshall, dans les Giardini de la Biennale de Venise.
© Photo Ludovic Sanejouand, 2024

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