Deux ans après la désignation des architectes français François Roche et Édouard François pour réaménager une place de la vieille ville de Montréal, le chantier n’a toujours pas véritablement débuté. Le calendrier du projet a été bouleversé par la découverte de vestiges archéologiques.
MONTRÉAL - À la demande des autorités montréalaises, la France s’associait en 1992 à la commémoration du 350e anniversaire de la fondation de la ville, en organisant une consultation auprès d’architectes et de créateurs français afin de réaménager la place d’Youville. Mise sur pied par l’Association française d’action artistique du ministère des Affaires étrangères (l’AFAA), cette consultation, sur la recommandation d’un jury composé essentiellement de personnalités canadiennes, couronnait à l’automne 1992 la proposition des architectes François Roche et Édouard François contre celles de Dominique Perrault – architecte de la Bibliothèque nationale de France –, de l’architecte Jacques Hondelate, du designer Philippe Starck et de l’artiste Jean-Marc Bustamante. Il appartenait ensuite aux autorités montréalaises de décider et d’accorder les crédits nécessaires à la réalisation du projet.
Avec des "roseaux" de laiton, un pavement de bois, et un environnement sonore, les jeunes architectes ont voulu – sur ce lieu témoin de la fondation de la ville par le Français de Maisonneuve en 1642 – évoquer la nature sauvage avant l’arrivée des premiers Européens.
Mais le site demeure ce qu’il était avant la consultation : un parc de stationnement. Sans être remis en cause, les travaux pour la réalisation de cet "écrin originel" butent sur le montage d’une opération qui devait, au départ, se rentabiliser par la construction d’un parking souterrain, permettant également au lieu de redevenir une place publique, rebaptisée "Place de France". La découverte de vestiges archéologiques en sous-sol a fait avorter la construction du premier parking prévu. Des archéologues ont réclamé des fouilles extensives et une surveillance étroite des excavations.
Un financement à compléter
La Ville de Montréal n’a cependant pas renoncé au parking et à l’aménagement de surface. "À la suggestion des archéologues, le futur parking devra également illustrer et mettre en valeur les fragments du passé", affirme Serge Carreau, sous-directeur du Service de l’habitation et du développement urbain de la Ville de Montréal, maître d’œuvre des travaux, "la richesse des vestiges archéologiques a fait considérablement grimper les coûts du parking souterrain. Le coût total de la place remodelée n’est pas déterminé pour l’instant. Une fois complété le financement, qui proviendra de la municipalité et d’autres sources publiques et privées, les études de réalisation, à partir de la proposition Rocher et François, seront lancées en 1995."
La contribution d’un mécène privé français, les ciments Lafarge, déjà présent lors du colloque montréalais et des expositions organisées dans le cadre de la consultation, serait acquise.
Le projet de Roche et François, qui met l’accent sur le traitement des sols, devra être adapté aux rigueurs de l’hiver montréalais. "Il nous faudra faire évoluer ce concept de base, dont nous sommes très satisfaits, en fonction de nos exigences", poursuit Serge Carreau, qui espère une réalisation du projet d’ici 1996.
Responsable du dossier de l’art public à la ville de Montréal, Françine Lord juge le projet Roche et François "très poétique, mais sa réalisation intégrale, estime-t-elle, serait incompatible avec les nécessités techniques de l’entretien".
Le dossier a également souffert d’un revirement de l’administration municipale qui, à la veille d’une prochaine consultation électorale, se préoccupe davantage de travaux d’infrastructures, voiries et canalisations, que d’amélioration du tissu urbain.
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La "Place de France" attend sa réalisation
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°6 du 1 septembre 1994, avec le titre suivant : La "Place de France" attend sa réalisation