Disparition de l’artiste Carmen Herrera

Carmen Herrera vivait à New York depuis 70 ans, peignant et sculptant toute sa vie durant, mais ce n’est qu’en 2004 que son œuvre avait été reconnue, lors de la vente de sa première toile, alors qu’elle était âgée de 89 ans. L’artiste cubaine est décédée le 12 février dernier à Manhattan, à l’âge de 106 ans. 

Née à La Havane en 1915, Carmen Herrera est la fille du fondateur du journal El Mundo et d’une journaliste cubaine de renom. Après avoir voyagé à Paris, Rome et Berlin, elle débute des études d’architecture à l’Université de La Havane, qu’elle abandonne pour suivre son mari à New York, où elle intègre l’Art Students League. Elle y rencontre les grands noms de l’expressionnisme abstrait, tels que Barnett Newman (1905-1970) et Ellsworth Kelly (1923-2015). 

Elle s’installe ensuite à Paris, de 1948 à 1953, où elle participe au Salon des réalités nouvelles et découvre le suprématisme de Malevitch (1879-1935) et de Mondrian (1872-1944), ainsi que le mouvement De Stijl.

Ses peintures abstraites, relevant du minimalisme, se caractérisent par des lignes nettes, associées à des aplats de couleurs très contrastés, créant un dynamisme dans la composition. « La purification et l’élimination de ce qui n’est pas essentiel » sont au cœur de son œuvre, expliquait Carmen Herrera. Sa peinture la plus célèbre, intitulée Blanco Y Verde (1966-1967), avait été adjugée chez Sotheby’s pour 2,5 millions d’euros en 2019. 

Depuis les années 2000, ses œuvres ont rejoint les collections de grands musées. Le Museo del Barrio de New York fut le premier à exposer ses peintures, suivi de grandes institutions, tels que le Hirshhorn Museum de Washington, le Museum of Modern Art de New York, la Tate Modern de Londres et le Whitney Museum, qui lui a consacré l’exposition « Carmen Herrera : Lines of Sight » en 2016. Plus récemment, en 2019, elle avait présenté « Monumental Structures », sa première grande exposition de sculptures, dans le City Hall Park de Manhattan.