Festival

Didier Fusillier : « Nous assumons la dimension tremplin du festival 100 % »

Par Fabien Simode · L'ŒIL

Le 28 mars 2022 - 667 mots

PARIS

Ancien directeur des Folies de Maubeuge, de la Mac à Créteil et de Lille3000, Didier Fusillier (né en 1959) préside l’Établissement public du parc et de la Grande Halle de la Villette depuis 2015.

Le 6 avril, la Villette ouvre la 6e édition de son festival 100 % dédié à la création émergente. Est-ce le rôle de la Villette d’organiser une manifestation tremplin pour les jeunes artistes ?

Nous avons lancé 100 % en 2016, sur le modèle de ce qui se fait à la Rijksakademie, à Amsterdam, qui offre une fois par an ses espaces aux artistes pour exposer. C’est une fête incroyable ! C’est pourquoi nous avons proposé aux écoles d’art de monter notre propre festival. Nous sommes partis avec l’idée d’offrir une plateforme à des artistes qui viennent juste de sortir des écoles d’art et qui ne sont donc pas encore dans les galeries. Chaque école d’art fait sa propre sélection, dont les Beaux-Arts de Paris, l’École des arts déco, le Fresnoy ou l’école de la photographie d’Arles, rejoints cette année par la Villa Arson, l’école de cinéma Kourtrajmé, l’école du Centre national de danse contemporaine d’Angers…

Pourquoi un festival pluridisciplinaire ?

La Villette accueille toutes les formes d’art : le cirque, la danse, le théâtre, la musique, les arts plastiques, etc. Il est donc tout naturel pour nous d’offrir l’écrin de la Grande Halle aux artistes de toutes les disciplines. La Grande Halle offre des possibilités illimitées, avec son espace de 15 m de hauteur sans cimaises. Cela donne une exposition d’une belle légèreté où l’on passe de la peinture à la 3D et à la vidéo. Outre l’exposition, 100 % donne aussi l’opportunité à la soixantaine d’artistes présentés de se réunir, de se connaître…

Comment concevez-vous la scénographie ?

L’exposition ne présente pas une série d’écoles, tous les artistes sont mélangés. Nous commençons par les rencontrer afin de comprendre leur travail. Ensuite, nous leur proposons une trame scénographique en prenant soin d’établir des rapprochements. Pour la scénographie, nous puisons dans notre « mallette scénographique ». Nous n’utilisons pas de nouveaux matériaux, nous choisissons avec les artistes les éléments dans le catalogue du matériel de la Villette (lumières, cimaises…). Ce fonctionnement est relativement vertueux et le résultat extrêmement joyeux. Pendant trois semaines, les artistes sont à la Villette tous les jours, dans l’exposition et dans nos ateliers, transformant la Grande Halle en un atelier permanent !

À qui le festival s’adresse-t-il ?

Les galeries viennent voir l’exposition, comme les collectionneurs, y compris étrangers. Certains artistes démarrent tout juste leur carrière tandis que d’autres ont déjà une reconnaissance. Nous avons eu le plaisir d’exposer en 2018 Jean Claracq avant sa monographie à la Fondation Vuitton. En 2021, Prosper Legault avait proposé une installation incroyable sur la façade de la Grande Halle. Et certains artistes de cette année nous bluffent déjà, comme Ymane Chabi-Gara, qui vient d’entrer chez Kamel Mennour, ou Aïda Bruyère qui a déjà eu une exposition au Palais de Tokyo après avoir remporté le prix du Salon de Montrouge en 2019. Nous assumons la dimension tremplin de 100 %.

C’est aussi un événement populaire…

L’ADN de la Villette est d’être transdisciplinaire et ouverte au public, notamment au public du parc. L’exposition est gratuite et nous organisons des séances de performances ou de projections. Le collectif des Froufrous de Lilith propose par exemple des projections « Food&film » de tous types de films avec dégustation culinaire sur un thème. Lors de chaque édition nous accueillons plus de 100 000 visiteurs.

À Bozar

Le festival a été retenu dans le cadre des événements de la présidence française de l’Union européenne. 30 artistes de l’édition 2021 sont ainsi présentés, jusqu’au 10 avril, à Bozar (Bruxelles), qui réfléchit à reprendre chaque année le concept avec les écoles d’art belges (« Émergences.fr »).
 

71

C’est le nombre de jeunes artistes sélectionnés pour le festival « 100 % l’EXPO », du 6 au 30 avril 2022.
 

« Nous avons envie de profiter de cet immense espace [la Villette] pour en faire une sorte de grande plaine artistique. » Didier Fusillier, Le Monde, 4 mai 2020

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°753 du 1 avril 2022, avec le titre suivant : Didier Fusillier :  Nous assumons la dimension tremplin du festival 100 %

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