Disparition

Décès d’un géant de l’art non-conformiste soviétique

Par Emmanuel Grynszpan, correspondant à Moscou · lejournaldesarts.fr

Le 12 avril 2018 - 354 mots

NEW YORK / ETATS-UNIS

Leonid Sokov, figure de proue du Sots-Art, est décédé vendredi 6 avril à New York, où il résidait, à l’âge de 76 ans.

Leonid Sokov
Leonid Sokov

Sculpteur et peintre irrévérencieux, Leonid Sokov a influencé de nombreux artistes russes par sa remise en cause radicale des dogmes politiques et esthétiques. Il est connu pour des œuvres à l’humour féroce, ridiculisant la symbolique officielle soviétique. Lénine, Staline, le marteau et la faucille et autres fétiches de la propagande apparaissent dans des postures ou des situations cocasses, destinées à démolir la vénération quasi-religieuse fabriquée par le pouvoir. 

Dans son collage Staline et Marylin (1991), Sokov provoque une collision entre les fétiches occidentaux et soviétiques, montrant par là qu’il n’était pas davantage dupe des fétiches du « monde capitaliste », où il vivait depuis 1979. L’œuvre a été vendue par Sotheby’s pour 20 900 livre sterling en 2007. Sokov créait également des chocs esthétiques, confrontant Lénine à Calder, Malevitch, Giacometti, Brancusi et Magritte entre autres. 

Formant avec ses deux compères, le peintre Alexandre Kosolapov (1943) et le sculpteur Boris Orlov (1941) la triade fondatrice du sots-art, Sokov préférait définir avec modestie son travail comme du « pop-art folklorique ». 

À Paris, on peut voir quelques-unes de ses sculptures sur bois au Centre Pompidou grâce au don effectué en 2016 par la Tsukanov Family Foundation. Les autres grands musées possédant ses œuvres sont le Musée Russe de Saint-Pétersbourg, la Galerie Tretiakov de Moscou, le Musée de l’Ermitage et les Metropolitan et Guggenheim de New York. 

Les parisiens avaient découvert le Sots-Art et ses représentants, dont Sokov, lors d’une exposition mémorable à la Maison rouge en 2007.

Les sculptures de Leonid Sokov figurent parmi les plus recherchées de l’art russe. Ses records de vente coïncident avec l’apogée du marché russe (2007-2008). Son Ours martelant une serpe (1996) a frôlé les 100 000 dollars dans une vente directe de l’artiste à un collectionneur en 2008. Peu de sculptures de Sokov se sont échangées ces dernières années. Jusqu’au décès de l’artistes, elles étaient estimées dans une fourchette de 30 à 50 000 dollars, ce qui reste cependant peu comparé aux standards de l’art contemporain.
 

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