TURIN / ITALIE
Le Turinois s’était fait connaître au milieu des années 1960 avec ses sculptures paysagères en mousse.
Piero Gilardi qui vient de décéder à l’âge de 80 ans a eu un destin singulier. Né à Turin en 1942, l’artiste italien s’était fait connaître à partir de 1965 grâce à ses Tappeti Natura (« Tapis-Nature »), des sculptures posées au sol ou accrochées au mur qui recréent des morceaux de paysages, faits de mousse de polyuréthane et résine vinylique, puis plus tard, en latex de caoutchouc.
Ainsi, dans Terreno di montagna (1967), un tronçon de quatre mètres de mousse sculptée donne l’illusion d’un paysage alpin dans lequel des plaques de neige se retirent pour laisser apparaître des rochers et des crocus commençant à fleurir. Des œuvres représentant des paysages marins, des plages ou des tapis forestiers ont suivi. Piero Gilardi les destinait à une interaction sensuelle avec le public, qui pouvait s’y asseoir ou s’y allonger.
Si Piero Gilardi figure dans le manifeste sur l’« Arte povera » de Germano Celant (qui inventa le nom), l'artiste a également été influencé par le Land Art, après avoir résidé aux États-Unis pendant plusieurs années à la fin des années 1960, et l’art Antiforme de Robert Morris. Sa pratique se base sur le mimétisme artificiel de la nature à travers la création de faux feuillages, fruits ou fleurs, souvent en parallèle avec des œuvres de protestation contre l'industrialisation de l'agriculture. Le turinois explique avoir développé une conscience écologique après avoir vu une rivière de sa ville natale remplie de déchets et de plastiques.
Mais Gilardi se rend compte que sa technique de création des Tapis-Natures est très polluante. En 1969 à 27 ans, il s'éloigne de son atelier et du monde de l’art, rejetant la marchandisation de son œuvre. Il entame alors un parcours personnel marqué par le militantisme politique, organisant des actions collectives contestataires au Nicaragua et dans les réserves indiennes aux États-Unis, ainsi que dans divers pays africains.
Il reviendra à la création dans les années 1980, en exposant ses installations dans des galeries. À partir de 1985, il entame une recherche artistique avec les nouvelles technologies puis développe dans les années 1990 une série d'installations multimédia interactives.
En 2003 Gilardi construit le Parco Arte Vivente (Parc d'art vivant) sur une ancienne zone industrielle de 23 000 m² située dans un quartier populaire de Turin, qui ambitionne d’abriter toutes les expérimentations d’artistes qui travaillent avec le vivant : il accueille par exemple des œuvres de Dominique Gonzalez-Foerster ou Lara Almarcegui.
La plupart des travaux récents de Piero Gilardi mettaient en scènes l'interaction entre l'œuvre et le spectateur, comme l'installation Pulsazioni (Pulsations) qui capte les battements du pouls du visiteur lorsqu’il s’assoit dessus, répercutés par des rochers sonores en polyuréthane. Une grande rétrospective de son œuvre intitulée « Piero Gilardi. Nature Forever » a été organisé en 2017 au MAXXI de Rome. En France, il est représenté par la galerie Michel Rein.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Décès de Piero Gilardi, membre fondateur de l'Arte povera
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €