Au Grand Théâtre d’Angers, le peintre dessine le portrait de sa muse et compagne, une déclaration d’amour entre tendresse et érotisme.
ANGERS - « Mon Amour, dans une autre vie, je serai le phénix et je m’envolerai pour te rechercher. Puisses-tu, à ce moment où je te trouverai, me pardonner les fautes du passé », écrit Robert Combas à grands coups de pinceau sur une toile de 1994. Ce chantre de la Figuration libre (né en 1957 à Lyon) a rencontré Geneviève Boteilla en 1987 et depuis, n’a cessé de la peindre, faisant d’elle sa muse et le modèle de centaines de tableaux. Une quarantaine d’entre eux (issus des collections de Geneviève, de l’artiste et de son marchand, Laurent Stouck) est actuellement présentée au Grand Théâtre d’Angers. Certains datent de l’exposition du peintre en 1992 au Musée Toulouse-Lautrec d’Albi qui scandalisa à l’époque les âmes chastes. S’y ajoutent des dessins, des sculptures en résine et une vidéo des performances du groupe de musique les Sans Pattes créé par Combas en 2011 et dans lesquelles Geneviève danse.
On circule dans l’exposition comme dans un labyrinthe. L’artiste a su tirer parti de l’espace bas de plafond, comportant des recoins et des cimaises curvilignes, pour créer un sentiment d’intimité
avec les œuvres.
L’expression d’une passion exacerbée
Peintre de la prolifération, du sexe et de l’érotisme, il donne à voir une « Geneviève de toutes les couleurs », pour reprendre le titre de la manifestation, et dans tous ses états. Une vision fantasmée et imaginaire. Recourant au filtre de la mythologie comme à celui de la grande histoire, de la Bible ou à d’étranges références ésotériques, il donne à sa belle tour à tour les traits d’une Vénus allongée, d’une amazone menaçante, d’une Marianne combative, d’une Ève tentatrice ou d’une héroïne de roman courtois… à moins qu’il ne la défigure comme le fit Picasso avec Dora Maar, ou la transforme en « Goulue » dansant le french cancan ou la peigne simplement allongée sur une plage. Mais toujours, l’érotisme règne en maître. Les seins sont gonflés, le sexe dévoilé, les lèvres rouge carmin, le corps cambré sur des talons aiguilles. La pulsion créatrice qui anime cet artiste est éminemment sexuelle et se dévoile aussi dans sa manière unique de faire exploser les couleurs et de les canaliser par des cernes noirs.
Parfois Combas s’invite dans sa peinture à côté de sa bien-aimée, comme dans les quatre toiles au centre de l’exposition, où il se peint en sujet amoureux et désirant. Ces grandes compositions font face à un alignement de portraits de Geneviève recouverts de coulures de peinture, bouleversants de fragilité et de tendresse. On découvre notamment cette femme endormie, enroulée dans un pyjama ou encore habillée en noir, les yeux baissés, absorbée, plus qu’ailleurs « mise à nue ». Tout comme le peintre qui se dévoile, ainsi dans la vitrine qui présente des lettres d’amour adressées à Geneviève.
Commissaire : Robert Combas
Jusqu’au 25 juillet, Grand Théâtre d’Angers, 3 rue Louis de Romain, 49100 Angers, mardi-samedi 12h-18h30, dimanche et jours fériés 14h-18h.
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Combas et son modèle
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Abonnez-vous dès 1 €Robert Combas, Les nues sont toujours la même, 1989, peinture châssis, acrylique sur toile et bois, 76 x 88,5 cm. © L’atelier de Robert Combas.
En savoir plus sur Robert Combas
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°416 du 20 juin 2014, avec le titre suivant : Combas et son modèle