Commissaire de l’exposition « Peinture : obsolescence déprogrammée », qui a fermé ses portes en janvier aux Sables-d’Olonne, l’historienne de l’art prépare deux expositions, à Issoudun et Orléans, sur le thème de la peinture face à l’environnement numérique et au flux des imageries contemporaines.
La première exposition dressait un état des lieux, général et ouvert, défrichant un grand nombre de recherches artistiques. Les volets à suivre au Musée de l’hospice Saint-Roch d’Issoudun [février à mai 2022] et au Musée des beaux-arts d’Orléans [en 2023-2024] exploreront des questions plus précises. Intitulée « Licences libres », la prochaine exposition s’attachera à des stratégies artistiques appropriationnistes contemporaines. Elles surmontent l’opposition factice entre médiums pour opérer une reconnexion de l’art à notre réalité sociale, économique, politique et écologique.
Je situerais la révolution du côté technique (industriel, photographique ou numérique), qui conduit la peinture à puiser dans ses ressources et à se réinventer pour imposer ses nécessités propres. Avec la peinture est corrélé un point de vue spécifique qui, à l’époque de la surconsommation numérique des images, contribue à extraire du flux pour rendre visible.
Regine Kolle est liée au numérique par la stylisation de ses peintures, très graphiques et aux couleurs pop, mais élaborées selon une technique « classique ». Amélie Bertrand est attachée à une exécution « traditionnelle », même si toutes les étapes préparatoires précédant ses tableaux sont conçues sur ordinateur. Et Celia Hempton dont les Chat Random Paintings, des huiles sur toile, sont esquissées face à l’écran et selon des conditions dictées par le cadrage, la durée et la qualité de la connexion à la plateforme de rencontres, etc.
Difficilement, ma sensibilité me porte peu vers le Computer Art ou la réalité virtuelle. En revanche, les recherches de Wade Guyton, Kelley Walker, Angela Detanico et Rafael Lain ou Xavier Antin, entre autres, m’intéressent beaucoup pour le prolongement délocalisé qu’elles offrent à l’histoire de la peinture.
Je privilégie l’acception de pictural à celle de peinture, qui me semble encombrée d’une définition greenbergienne aussi anachronique que réductrice. Le rapport physique entre le corps et l’œuvre conserve son importance, mais « l’arène de la toile » s’est élargie pour faire entrer d’autres acteurs comme les réseaux de neurones.
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Camille Debrabant : « L’arène de la toile s’est élargie pour faire entrer d’autres acteurs »
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°751 du 1 février 2022, avec le titre suivant : Camille Debrabant : « L’arène de la toile s’est élargie pour faire entrer d’autres acteurs »