Le Musée de la bande dessinée retrace une histoire de l’affiche politique au XXe siècle. Ou quand les politiques rencontrent les dessinateurs du neuvième art.
Un siècle d’affiches politiques et sociales en bande dessinée » à la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image à Angoulême est d’abord l’histoire d’une collection : celle de Michel Dixmier, enseignant à la retraite et auteur de Quand le crayon attaque [éditions Autrement, 2007], ouvrage dédié à l’image satirique en France. Elle est aussi le récit d’un croisement fertile entre l’affiche politique et le neuvième art, et rassemble à ce titre un corpus de quatre-vingts documents dont les plus anciens datent de la toute fin du XIXe siècle.
Au gré d’un parcours chronologique, l’exposition décrit la manière dont la bande dessinée fut tour à tour citée, instrumentalisée, détournée par les luttes sociales et politiques les plus diverses. Des menées antidreyfusardes, antisémites et antimaçonniques d’un Gaston Lucq au tournant du XXe siècle aux affiches antigaullistes éditées sous l’Occupation, en passant par les virulentes caricatures de Blum, Herriot ou Cachin par Henri de Kérillis, Sennep ou André Galland dans l’entre-deux-guerres, c’est d’abord à droite qu’on mobilise le neuvième art à des fins de propagande. Les dessinateurs de gauche tels que Grandjouan, Cabrol, Gassier ou de Champs y sont alors discrets.
Il faut attendre les années 1960 pour que s’inverse ce ratio politique : après 1968, la bande dessinée affichée devient l’apanage du militantisme de gauche, et sert d’appui aux luttes syndicales, féministes, écologistes ou anarchistes. Ses tenants les plus emblématiques s’appellent alors Wolinski, Cabu, Reiser, Tignous, mais aussi Tardi ou F’Murr. À leurs affiches, l’exposition adjoint les détournements inspirés par l’Internationale situationniste, qui inaugure dès les années 1950 l’un des usages les plus radicaux de la bande dessinée.
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Bulles militantes à Angoulême
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Abonnez-vous dès 1 €du 25 octobre au 31 décembre 2016. Musée de la bande dessinée, 1, quai de la Charente, Angoulême (16). Ouvert du mardi au vendredi de 10 h à 18 h, du samedi au dimanche à partir de 14 h. Tarifs : 7 et 3 €. Commissaires : Thierry Groensteen, Michel Dixmier. www.citebd.org
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°694 du 1 octobre 2016, avec le titre suivant : Bulles militantes à Angoulême