ETATS-UNIS [14.10.15] – Le Centre mondial pour l'innovation de l'Université d'État de New York à Albany élabore depuis deux ans une nouvelle technique de marquage des œuvres d’art à partir d’une signature ADN unique, qui permettrait ainsi une authentification infaillible et infalsifiable.
Soutenu par plusieurs artistes contemporains, le Centre mondial pour l'innovation de l'Université d'État de New York (SUNY) à Albany est en train de réaliser une méthode de marquage singulière pour identifier les œuvres d’art. Le New York Times raconte ainsi que l’artiste Eric Fischl, victime de faussaires, s’est porté garant lundi dernier à Londres pour ce nouveau système de marquage utilisant de l’ADN synthétique. L’Université d’Albany a également reçu le soutien financier de la compagnie d’assurance ARIS, spécialisée dans l’art, à hauteur de deux millions de dollars.
Le Centre mondial pour l’innovation, connu pour son travail dans la bio-ingénierie, le cryptage et la nanotechnologie, s’est lancé il y a deux ans dans le développement d'une technique visant à marquer des peintures, sculptures et autres œuvres d'art avec des molécules complexes et uniques d'ADN créées en laboratoire. « Nous voulions un marqueur qui soit très difficile à trouver et peu sensible aux facteurs environnementaux ou à la falsification, » explique Robert J. Jones, président de SUNY Albany. Il est fondamental également que les artistes soutiennent ce projet, et d’après le Daily Mail, plusieurs artistes importants sont intéressés par ce nouveau moyen d’authentification, notamment Chuck Close ou Jane et Louise Wilson.
Les experts soulignent en effet que les contrefaçons sont devenues l'un des problèmes les plus épineux du marché de l'art, avec deux œuvres sur cinq (!) vendues considérées comme des copies, selon le Daily Mail. Les scandales comme celui impliquant des dizaines de faux vendus par la vénérable Galerie Knoedler, avant sa fermeture en 2011, sont monnaie courante et sapent la confiance des acheteurs, des propriétaires et des artistes. De même le recours à l’expertise traditionnelle est en déclin, de plus en plus de conservateurs, de fondations d'artistes et d'experts indépendants évitant désormais d’authentifier des œuvres par crainte d'être poursuivis en justice.
Or les œuvres d'artistes vivants entrent sur le marché sans normes fiables d'identification. Cette nouvelle technique, encore au stade embryonnaire, fonctionnerait par l’implantation d’un marqueur ADN synthétique sur l’œuvre, qui fusionnerait au niveau moléculaire et laisserait son empreinte, même si le marqueur était arraché, sans altérer l’œuvre. Il ne s’agirait pas de l'ADN personnel des artistes, en raison de problèmes de confidentialité et du risque de falsification. L'ADN transgénique serait unique pour chaque pièce et renverrait à une base de données contenant les informations de référence sur l’œuvre. Le marqueur ADN pourrait être lu par un scanner à la disposition de quiconque dans le marché de l'art.
Les premières estimations effectuées annoncent un coût de 150 dollars par marqueur ADN. « Nous voyons cela comme une solution sûre, sécuritaire et invisible que les artistes et les propriétaires peuvent accepter », a déclaré Lawrence M. Shindell, président de la compagnie ARIS. « Notre but est d’éliminer l'incertitude du marché. »
Les développeurs du projet ont déclaré que trois douzaines d’artistes, d’archives, de fondations et de musées internationalement reconnus s’étaient déjà inscrits pour tester cette nouvelle technologie, qui pourrait être prête dès l'année prochaine.
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Bientôt un marquage ADN pour assurer l’authenticité des œuvres d’art contemporain
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Abonnez-vous dès 1 €Le campus du centre mondial pour l'innovation de l'Université d'État de New York à Albany © Photo UAlbany - 2012 - Licence CC BY-SA 4.0