Architecture, musique et cinéma dialogueront avec la photographie aux Rencontres d'Arles

"C'est la 46e édition et bien entendu nous voulons la dédier à Lucien Clergue", le photographe cofondateur du festival en 1970 décédé en novembre dernier à l'âge de 80 ans, a annoncé en préambule de la présentation de la programmation Sam Stourdzé , le nouveau directeur des Rencontres de la photographie.

M. Stourdzé, qui succède à Jean-Noël Jeanneney [Note du JDA.FR : Sam Stourdzé ne succède pas à Jean-Noël Jeanneney mais à François Hébel], a présenté devant politiques, acteurs du monde culturel et Arlésiens réunis dans le salon d'honneur de l'Hôtel de ville d'Arles la programmation du festival photographique, qui proposera quelque 3.500 oeuvres de 250 artistes réparties dans 35 expositions scénographiées sur 2.200 m2 de mur par 39 commissaires d'exposition dans une vingtaine de lieux.

"Plutôt qu'une thématique générale, il nous semblait plus à propos de définir des sections, des séquences. Nous voulons être la plateforme de la photographie, un vrai observatoire de la création", a indiqué le directeur.

Parmi ces rubriques figurent les résonances de la photographie avec l'architecture, le cinéma et la musique.

"Résonances, mot qui figure en lettres capitales dans notre programme. Nous aimons la photo quand elle dialogue avec d'autres disciplines", a-t-il commenté.

Sera présenté notamment le travail commun de Denise Scott Brown et Robert Venturi sur Las Vegas, complété par trois expositions dont celle d'Olivier Cablat qui a réalisé un inventaire de l'architecture canard.

Photographie et musique dialogueront entre autres dans une exposition "sérieuse et réjouissante", "La grande aventure des pochettes de disques", lorsque les enveloppes cartonnées des vinyles étaient l'oeuvre d'artistes photographes.

Sur ce thème, aura lieu "une rencontre assez étonnante entre Mathieu Chédid et Martin Parr pour un projet qui s'appelle MMM avec à la fois de la musique et à la fois de l'image et on a promis de ne rien dire de plus", a annoncé avec malice M.Stourdzé.

Côté cinéma, le réalisateur iranien Abbas Kiarostami accrochera ses images du public regardant des tableaux du musée du Louvre, tandis que Sandro Miller présentera son hommage aux grands maîtres de la photographie en reprenant 41 clichés avec l'acteur américain John Malkovitch en modèle.

"Il a des talents de caméléon, ce Malkovitch", a souri San Stourdzé.

La collection occupera aussi une place importante dans cette 46e édition avec par exemple le travail de Tony Oursler sur les croyances et le surnaturel au XVIIIè siècle ou la collecte par Jean-Marie Donat de clichés pendant trente ans sur des marchés aux puces d'anonymes posant à côté d'acteurs déguisés en ours blanc, photos devenues populaires à l'arrivée de l'animal au zoo de Berlin en 1920.

L'une des principales rubriques concerne les relectures de l'histoire de la photographie avec une rétrospective des grands maîtres américains Walter Evans et Stephen Shore.

Le festival arlésien n'oublie pas son rôle de tremplin pour les jeunes photographes avec le prix découverte qui met en compétition dix jeunes talents.

Plus de 700 m2 seront aussi dédiés aux livres de photographies représentés par 75 éditeurs, "pour montrer la vivacité et la diversité de cette scène", a souligné M.Stourdzé.

Le nouveau directeur, qui dit s'inscrire dans la continuité de ses prédécesseurs, a également dévoilé la nouvelle identité visuelle de l'événement culturel : des images à l'envers.

"C'est pas loin d'être un slogan pour ce festival qui retourne, qui bouleverse, qui met la tête à l'envers", a-t-il commenté.