Depuis le temple d’Abou Simbel en Haute-Égypte jusqu’à la Sagrada Familia d’Antonio Gaudí à Barcelone en passant par les monastères cisterciens, les cathédrales gothiques et les églises baroques, l’histoire de l’architecture est pavée d’instants sacrés, d’aspirations vers la lumière céleste.
L’invraisemblable oculus du Panthéon à Rome, le saisissant et inégalé dôme de Santa Maria dei Fiori à Florence signé Brunelleschi, ou encore l’incomparable coupole de la Süleymaniye à Istanbul due à Sinan sont de vibrants témoignages de cette tentation de l’absolu…
L’époque moderne et contemporaine n’est pas en reste de ces témoignages, sans doute moins fréquents et spectaculaires qu’ils ne le furent, mais tout autant livrés à l’émotion, au sens et à la symbolique. En témoignent notamment quelques chefs-d’œuvre d’architecture sacrée certes, mais surtout et avant tout d’architecture : ainsi, entre autres, la chapelle de Las Capuchinas del Purissimo Corazón de Maria à Tlalpan au Mexique, signée Luis Barragán (1953) ; la chapelle Notre-Dame-du-Haut à Ronchamp, signée Le Corbusier (1955) ; l’église Sainte-Bernadette-du-Banlay à Nevers, signée Claude Parent et Paul Virilio (1969) ; la cathédrale de Brasilia au Brésil, signée Oscar Niemeyer (1970) ; l’église de la Lumière à Osaka au Japon, signée Tadao Ando (1987) ; la chapelle œcuménique Saint-Henry de Turku en Finlande, signée Sanaksenaho (2005) ; la chapelle Saint-Nicolas-de-Flüe en Suisse, signée Peter Zumthor (2007)… Bref, si l’époque est en perte de repères, elle n’est pas en manque de lieux.
Entre recueillement et rassemblement
Et voici qu’un nouveau vient de naître là où, sans doute, on ne l’attendait pas. Aux Lilas pour être précis, petite commune située à la périphérie immédiate de Paris, porte d’entrée de la Seine-Saint-Denis, probablement considérée aujourd’hui comme une « terre de mission ». Soit l’église Notre-Dame-du-Rosaire, à la volumétrique rigoureuse, légère et néanmoins monumentale, posée dans un environnement hétéroclite constitué d’immeubles de rapport et de pavillons par l’équipe d’architectes Enia (Mathieu Chazelle, Charles-André Nouvellet, Simon Pallubicki et Brice Piechaczyk), associée à l’Italien Mauro Galantino.
Jouant résolument la carte de l’équipement public, les architectes n’en délaissent pas pour autant la dimension sacrée de leur édifice. La façade sobre, toute de pierre blanche, se biaise au niveau de son soubassement, créant ainsi un vaste parvis qui invite à l’entrée. Contrairement à la tradition, cette entrée qui se fait latéralement, favorise une meilleure pénétration et une meilleure gestion des flux. Mais, très au-delà du bâti et des circulations, ce qui frappe ici, c’est la très intelligente combinaison opérée entre espaces de recueillement et espaces de rassemblement et, surtout, un travail sur la lumière qui exalte les notions de sacré et d’absolu. L’opération n’est pas terminée puisque se dessine déjà l’édification d’un campanile et d’un centre paroissial.
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Architecture - Enia et Mauro Galantino
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°344 du 1 avril 2011, avec le titre suivant : Architecture - Enia et Mauro Galantino