Chose Commune est une petite maison d’édition française fondée en 2014 par Cécile Poimboeuf-Koizumi et le photographe Vasantha Yogananthan.
Le livre photo non lié à une exposition ou à un événement domine le catalogue, où pointe la culture franco-japonaise de l’éditrice. Après Shoji Ueda, Masako Tomiya, Issei Suda est à un autre grand nom de la photographie japonaise à faire l’objet d’un ouvrage original et raffiné. Sa genèse donne l’esprit qui gouverna à sa réalisation. Quand l’éditrice écrit pour la première fois au photographe, le 19 janvier 2019, elle ne s’attend pas ce que celui-ci lui réponde et lui propose une rencontre à Tokyo. Quelques semaines plus tard, la disparition du photographe l’ébranla. Elle ne remit pas pour autant en cause la promesse de rendez-vous, tenue par son épouse Yoshiko qui, sans ciller, l’introduisit aux archives. Des boîtes remplies de tirages, que personne n’avait jamais ouvertes avant elle, avaient été mises de côté par Suda. Une sélection de soixante-dix-huit photographies réalisées entre 1971 et 1983 à Tokyo s’ensuivit sans que Cécile Poimboeuf-Koizumi réalise immédiatement que Suda s’était éteint à 78 ans. Un an plus tard, ce chiffre donne le titre à l’un des plus beaux ouvrages photo de l’année 2020. On y retrouve son intérêt porté aux gens, aux enfants et aux animaux, aux détails des lieux, aussi, et aux scènes les plus banales. Ses balades quotidiennes dans Tokyo et ses environs forment des bribes de récits ouverts. Un homme et une femme marchant côte à côte dans une rue de la capitale nippone, le regard baissé ; des vestes maculées de peinture de travailleurs vus de dos ; un macaque accroché au bras d’une jeune femme traversant une rue ; un chien aux yeux songeurs ; un croissant de lune peint sur un mur…, la ville et ses environs forment un formidable espace-temps condensé d’attitudes, de gestes et de détails. Un grand calme émane de ces images noir et blanc dont l’impression soignée restitue au plus juste la densité et la profondeur.
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Un Issei Suda inédit
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°738 du 1 novembre 2020, avec le titre suivant : Un Issei Suda inédit