Profession

Responsable d’édition

Le Journal des Arts

Le 30 mai 2003 - 804 mots

Dans le cadre de notre rubrique consacrée à un métier de la culture, nous vous invitons aujourd’hui à découvrir celui de responsable d’édition.

Chargé d’organiser et de contrôler la chaîne de fabrication d’un livre, le responsable d’édition (appelé aussi “assistant d’édition”) gère tel un chef d’orchestre les différents intervenants sollicités pour réaliser un ouvrage, de l’auteur à l’imprimeur en passant par le correcteur, l’iconographe et le maquettiste. Son rôle commence dès la remise du manuscrit, parfois même avant. “Il s’agit soit d’un envoi spontané, soit d’une commande. Dans ce dernier cas, on accompagne l’auteur tout au long de la rédaction, le recentrant si besoin sur la ligne éditoriale définie au départ”, explique Cécile Niesseron, responsable d’édition chez Scala. Une fois le manuscrit chez l’éditeur commence le long et délicat travail de relecture, correction, voire réécriture du texte. Avant qu’un jeu soit envoyé chez le correcteur, chargé de traquer coquilles et fautes d’orthographe, le responsable d’édition s’intéresse à la fois au fond et au style, et coupe le texte lorsque celui-ci se révèle trop long. “Il est procédé à une lecture critique du manuscrit, à laquelle les auteurs sont associés. Réduction d’une partie de l’ouvrage, remaniements et réécritures leur sont suggérés”, commente Marlyne Kherlakian, responsable d’édition et, depuis peu, directrice chez Adam Biro. C’est un travail de collaboration qui nécessite patience, diplomatie et sens de la psychologie. “Parfois, les auteurs nous font entièrement confiance et nous laissent carte blanche. Mais on peut également être confronté à des auteurs qui n’acceptent pas qu’on touche à leur production, alors que celle-ci n’est pas toujours satisfaisante. Il est rare cependant de ne pas parvenir à un compromis”, raconte Cécile Niesseron.
Parallèlement à ce patient travail d’amélioration du manuscrit, le responsable d’édition doit veiller à la collecte de l’iconographie. Si son budget le permet, il peut lancer une campagne photographique spécifique ou engager un iconographe (lire le JdA n° 168, 4 avril 2003). Mais, en cas de moyens limités, cette tâche lui incombe, “ce qui suppose une bonne connaissance du fonds photographique des musées, bibliothèques et agences”, précise Cécile Niesseron. Le problème des images réglé, la maquette peut commencer. L’habillage du livre, le choix de la typographie et la mise en place des photographies se font en accord avec le responsable d’édition, mais souvent aussi avec l’auteur, associé à chacune des étapes du projet. Dans le suivi de la réalisation, le responsable peut être assisté d’un chef de fabrication, chargé du contrôle de la qualité, du respect du planning et du budget préétabli. “L’époque où on lançait les livres d’art sans trop se soucier de leur rentabilité est loin. La rigueur financière est devenue une composante essentielle de notre métier, confie Marlyne Kherlakian. Il faut donc apprendre à jongler avec les contraintes de temps et d’argent.” Fragilisés par la concurrence de maisons très compétitives comme Taschen et par des investissements élevés, les éditeurs ont ainsi de plus en plus recours à des collaborateurs extérieurs : correcteurs, maquettistes, iconographes ou... responsables d’édition. “Il est rare que l’on choisisse volontairement le statut d’indépendant, synonyme de précarité. Mais il peut garantir plus de liberté, et permettre de se concentrer davantage sur le travail avec les auteurs et les maquettistes”, explique Cécile Niesseron. Avant de se risquer en free-lance, plusieurs expériences ou stages en maisons d’édition alliées à un carnet d’adresses fourni constituent toutefois une condition indispensable.
En ce qui concerne la formation, les voies de l’édition sont infinies. Les formations spécialisées tendent cependant à se multiplier, comme en témoignent les nombreux diplômes aujourd’hui proposés dans les métiers du livre (lire l’encadré). “Bien que restreint, le secteur de l’édition d’art a de l’avenir, estime Marlyne Kherlakian. Face à l’immensité de l’offre (expositions, ventes aux enchères, salons), le livre d’art joue en effet un rôle de guide et d’approfondissement, et cela n’est pas près de s’arrêter...”

Les formations au métier de responsable d’édition

- L’Institut universitaire de Paris-XIII-Villetaneuse délivre un DESS réputé dans les métiers de l’édition, UFR des sciences de la communication, av. Jean-Baptiste-Clément, 93430 Villetaneuse, tél. 01 49 40 30 20 ; - L’association ASFORED (Centre de formation du Syndicat national de l’édition) propose des cursus et des formations initiales ou continues pour les professionnels et futurs professionnels, ainsi qu’un mastère de management de l’édition (niveau requis : bac 5), 21 rue Charles-Fourier, 75013 Paris, tél. 01 45 88 39 81, www.asfored.org ; Des études en histoire de l’art ou en lettres peuvent également déboucher sur des emplois dans ce secteur : - L’École du Louvre à Paris, tél. 01 55 35 18 35, www.ecoledulouvre.fr ; les universités Paris-I (Panthéon-Sorbonne), Paris-IV (Sorbonne) et Paris-X (Nanterre), etc. - À lire : “Les métiers du livre d’art”?, in Carré des Arts, La lettre du groupe Art du Syndicat national de l’édition, n° 2, mars/avril 2003 (pour se la procurer, tél. 01 44 41 40 50).

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°172 du 30 mai 2003, avec le titre suivant : Responsable d’édition

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