Dans le cadre de notre rubrique consacrée à un métier de la culture, nous vous invitons aujourd’hui à découvrir celui de sculpteur ornemaniste.
A l’instar de ses illustres prédécesseurs des XVIIe et XVIIIe siècles, le sculpteur ornemaniste décore meubles, boiseries, portes, cadres et fenêtres. Le bois est son matériau de prédilection. Maniant avec maestria le burin et la gouge, sorte de ciseau tranchant permettant de creuser des entailles ou de sculpter un motif, il réalise, selon des techniques traditionnelles, de délicats ornements généralement en faible relief. “Je puise mon inspiration dans le répertoire décoratif classique, déclinant à partir d’un modèle donné feuilles d’acanthe, rosaces, coquilles, palmettes, rubans, cartouches ou trophées”, explique Jérôme Watier, jeune sculpteur installé depuis peu à son compte. Dans son atelier du 20e arrondissement à Paris, l’établi côtoie une belle collection de moulages d’ornements antiques, Renaissance ou XVIIIe siècle. “Ces fonds de plâtres, qui se transmettent précieusement d’atelier en atelier, constituent des documents indispensables non seulement en raison de la qualité de leur décor, mais aussi parce qu’ils sont en trois dimensions et nous permettent donc, à la différence d’un dessin, d’appréhender le volume”, ajoute l’artisan. Comme nombre de ses confrères, il consulte par ailleurs des recueils d’ornements et les archives de musées pour enrichir sa palette de motifs et de styles. “La bibliothèque du Musée des arts décoratifs à Paris est une source d’inspiration inépuisable”, s’exclame-t-il. Une fois l’ornement choisi, il est redessiné aux dimensions souhaitées. Le dessin est ensuite reporté sur le bois à l’aide d’un carbone et détouré avec une petite machine, la défonceuse, qui donne à l’œuvre la profondeur voulue. Commence alors l’ébauche du motif, dont le volume prend forme sous les coups de gouge et de burin. Elle précède la découpe, étape qui consiste, comme son nom l’indique, à “découper” l’ornement sculpté avec des gouges de plus en plus fines. Une fois achevé, l’ouvrage reçoit les dernières retouches, comme l’incision des nervures pour les feuilles. Toléré sur les moulures, le ponçage est banni sur la sculpture, qui doit conserver la trace du passage de l’outil. Polychromie et dorure sont en revanche habituelles, mais leur réalisation est confiée à des artisans spécialisés.
Répliques d’anciens et créations de style
Exerçant son activité comme artisan ou salarié d’une entreprise artisanale, le sculpteur ornemaniste met ses talents au service de décorateurs, d’antiquaires, de particuliers ou d’institutions, tels les musées, le Mobilier national ou les Monuments historiques. Il peut être sollicité pour des répliques d’œuvres anciennes, des créations de style ou des restaurations. Ainsi de Jérôme Watier qui, dernièrement, a participé à la restitution des panneaux d’une des portes du parlement de Rennes, réalisé des éléments de boiseries XVIIIe (copies et créations) et restitué les parties manquantes de sculptures. Autre aspect du métier, la création de modèles (en bois ou en cire) pour les bronzes ornant les meubles d’ébénisterie.
“L’idéal, pour exercer cette profession, serait de passer dans plusieurs ateliers, afin de se familiariser avec les différentes facettes de la sculpture d’ornements”, souligne l’artisan Vincent Mouchez. Mais avant le travail en atelier proprement dit, les aspirants sculpteurs devront passer un CAP (certificat d’aptitude professionnelle) arts du bois option “sculpteur ornemaniste”, un DFESMA (diplôme de fin d’études secondaires des métiers d’art) spécialité sculpture, ou un DMA (diplôme des métiers d’art) arts de l’habitat, option “décors et mobilier, spécialité sculpture” (lire l’encadré). Le goût des styles du passé, du bois et du dessin est bien sûr un préalable indispensable. Sans oublier la patience et la persévérance, qualités précieuses dans un métier où il faut être précis jusqu’à l’excellence.
De nombreux lycées professionnels ou centres de formation d’apprentis (CFA) préparent, sur la France entière, au CAP arts du bois option “sculpteur ornemaniste”?. Leur liste est disponible sur le site de la Société d’encouragement aux métiers d’art (SEMA), www.metiersdart-artisanat.com. Peu d’établissements forment en revanche au DFESMA et au DMA cités dans l’article: - Le SEPR/Centre de formation des apprentis de Lyon, qui délivre le DMA arts de l’habitat option “décors et mobiliers”? (tél. 04 72 83 27 28, www.sepr.edu) ; - L’École Boulle, école supérieure d’arts appliqués, à Paris, dans le 12e arrondissement, qui propose à la fois DFESMA et DMA (tél. 01 43 72 22 88, www.cfa-ameublement.org).
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Les volutes du sculpteur ornemaniste
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°169 du 18 avril 2003, avec le titre suivant : Les volutes du sculpteur ornemaniste