Bien plus qu’un simple expert en PAO, le graphiste participe à la conception, l’élaboration et la réalisation d’un produit éditorial.
Si certains livres d’art ou magazines retiennent l’œil et l’attention du lecteur, feuillettés ou regardés avec délectation, le mérite en revient bien sûr à l’éditeur et à l’auteur, mais aussi au graphiste maquettiste, œuvrant dans l’ombre au succès des ouvrages qui lui sont confiés. Maillon essentiel de la chaîne éditoriale, ce spécialiste de la typographie et de la mise en pages peut assumer des tâches et des responsabilités diverses. Parfois cantonné au rôle de simple « exécutant » dans certains groupes de presse ou maisons d’édition, il peut assurer la direction artistique d’une revue ou d’une agence de publicité, voire produire un ouvrage de A à Z (du choix des auteurs à la réalisation finale) lorsqu’il travaille en indépendant. C’est notamment le cas de Daniel Perrier qui, parallèlement à son activité de graphiste pour le compte de centres d’art, Fonds régionaux d’art contemporain (FRAC) et musées (dont il définit l’identité visuelle), conçoit et met en pages des catalogues d’artistes. « Il s’agit aujourd’hui d’un aspect incontournable pour les graphistes ne faisant pas partie de grandes structures », affirme le professionnel, qui choisit lui-même ses auteurs, correcteurs et imprimeurs. Pour mener à bien ses projets, il propose à diverses institutions ou structures privées de conjuguer leurs efforts financiers autour d’un artiste défendu par elles. La galerie Michel Rein à Paris, le FRAC Champagne-Ardenne, la Villa Arson à Nice, la Zoo Galerie à Nantes ou encore le centre d’art du Creux de l’Enfer à Thiers ont ainsi été mis à contribution pour le catalogue monographique de Saâdane Afif. Le produit éditorial lui-même est élaboré en relation étroite avec l’artiste, l’auteur, voire les partenaires associés. Et en fonction des contingences budgétaires. « Un livre d’une centaine de pages et avec des illustrations significatives nécessite en moyenne 12 000 à 13 000 euros. En dessous, on rogne sur le format, le nombre de pages et d’images. » D’après Daniel Perrier, la définition de la forme graphique constitue une étape plus solitaire, qui fait appel au savoir-faire technique et à la créativité du maquettiste. Le nec plus ultra étant d’apporter une « valeur ajoutée » au travail de l’artiste.
De l’art d’être un caméléon en restant créatif
Dans les grandes sociétés d’édition, la personnalité du graphiste doit savoir s’effacer devant l’esprit « maison », ce qui n’interdit pas une certaine liberté. « À partir du texte et des images fournis, il faut essayer de surprendre sans trop détonner. C’est une question de dosage », estime Anne Lagarrigue, responsable graphique du département « Art et littérature » aux éditions Gallimard. Pour la confection du catalogue d’exposition Picasso, peintre d’objets, objets de peintre, la jeune femme est ainsi restée fidèle à la ligne classique privilégiée par la maison, tout en adoptant des aplats de couleurs vives, « appropriés à l’univers solaire de Picasso ». Selon elle, « une maquette est réussie lorsqu’elle est lisible, accessible et attrayante ». Pour y parvenir, de nombreux paramètres entrent en ligne de compte : la qualité du papier et des illustrations, le rapport de proportion entre le texte et les images, le choix des caractères typographiques, etc. « Il est important d’opérer un tri et une hiérarchie entre les reproductions, de trouver un équilibre général entre le texte et les photographies et de faire respirer l’ensemble en ménageant des blancs et en créant de belles marges. Mais aussi de lire au préalable l’ouvrage ou l’article à mettre en pages, le graphiste étant avant tout au service du texte », considère Laurent Joyeux, ancien maquettiste aux éditions Faton.
Dans la presse magazine en revanche, et en particulier les revues de mode, « tout est affaire de compromis entre l’aspect créatif et les impératifs commerciaux », observe Édouard Pellicci. Directeur artistique de Jalouse, le professionnel déplore la place prépondérante occupée aujourd’hui par la publicité (revendiquée ou déguisée) dans les mensuels ou les hebdomadaires.
Souplesse et patience sont également de mise dans un métier où il faut jongler avec les contraintes de budget et de délais, et faire face à de nombreux interlocuteurs (auteurs, artistes, responsables d’édition et éventuels collègues). Force de proposition, le graphiste modifie en effet ses projets au fil des réunions et des discussions. Dans cette course aux essais, la palme revient sans conteste à la couverture, remaniée à de nombreuses reprises avant d’être définitivement adoptée. « La confrontation et le travail en équipe sont primordiaux pour éviter la routine », souligne Anne Laguarrigue. Sans oublier la curiosité visuelle et intellectuelle, ou le suivi des évolutions dans les domaines de l’imprimerie et de l’informatique. Les risques d’assoupissement ou de monotonie restent toutefois limités dans la profession, chaque projet apportant son lot de nouveautés...
Voici une liste non exhaustive d’établissements : - L’École nationale supérieure des arts décoratifs (Énsad), 31, rue d’Ulm, 75005 Paris, tél. 01 42 34 97 00. - L’École supérieure des arts décoratifs de Strasbourg, 1, rue de l’Académie, 67000 Strasbourg, tél. 03 88 35 38 58. - L’École nationale supérieure des beaux-arts (Énsba), 14, rue Bonaparte, 75006 Paris, tél. 01 47 03 50 00. - L’École supérieure des arts appliqués (ÉSAA) Duperré, 11, rue Dupetit-Thouars, 75003 Paris, tél. 01 42 78 59 09. - L’École supérieure des arts et des industries graphiques Estienne, 18, bd Auguste-Blanqui, 75013 Paris, tél. 01 55 43 47 47. - L’École nationale supérieure des arts appliqués et des métiers d’art (Énsaama) Olivier-de-Serres, 65, rue Olivier-de-Serres, 75015 Paris, tél. 01 53 68 16 99. - L’École supérieure des arts graphiques (ÉSAG) Penninghen, 29-31, rue du Dragon, 75006 Paris, tél. 01 42 22 55 07/08. - L’École Camondo, 266, bd Raspail, 75014 Paris, tél. 01 43 35 44 28. - L’École Boulle, 9, rue Pierre-Bourdan, 75012 Paris, tél. 01 43 46 67 34.
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Graphiste maquettiste
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°193 du 14 mai 2004, avec le titre suivant : Graphiste maquettiste