Gardien du patrimoine écrit, le conservateur de bibliothèque inventorie,
enrichit et met en valeur les collections.
À l’image de son homologue des musées, le conservateur de bibliothèque a pour vocation première la conservation des collections (manuscrits, livres, périodiques, affiches, lettres…) dont il a la charge. Comme le souligne Joël Huthwohl, responsable de la bibliothèque de la Comédie-Française, sa « principale mission consiste à transmettre à la génération suivante un fonds documentaire en bon état ». Dans ce dessein, de solides notions en conservation préventive se révèlent indispensables. Le conservateur est en effet chargé de veiller aux conditions de propreté, de bon entretien et de rangement des lieux de stockage, ainsi qu’à l’apparence des documents. Mais il n’est pas seulement un gardien du patrimoine. Appelé à encadrer les bibliothèques et les services documentaires des universités, des grands établissements relevant des ministères de l’Enseignement supérieur et de la Culture (Bibliothèque nationale de France (BnF), Bibliothèque publique d’informations du Centre Pompidou et bibliothèques municipales classées (1)), ou des bibliothèques municipales et départementales (dans le cas des conservateurs territoriaux), ce professionnel participe à l’enrichissement d’un fonds, catalogue et dresse des inventaires, met les documents à la disposition du public et prépare des expositions. « Conservation, enrichissement (par des dons, legs ou acquisitions à titre onéreux) et valorisation des collections constituent les trois volets de notre métier », résume Joël Huthwohl. Conservateur d’un fonds composé non seulement d’archives mais aussi de costumes de théâtre et d’œuvres d’art – la Comédie-Française possède quelque six cents peintures et sculptures –, ce spécialiste des arts du spectacle dispose d’un budget d’acquisitions de 40 000 euros par an. « Cette somme ne permet pas de folies, mais autorise l’achat d’œuvres modestes, tel ce tableau de l’acteur Talma attribué à Méry-Joseph Blondel». On est loin des moyens de la BnF, où 190 000 euros ont été alloués en 2003 au seul secteur « Art et littérature classique » !
La mise en valeur des collections passe quant à elle par l’organisation d’événements : conférences, visites et expositions.« Nous proposons plusieurs fois par an des présentations thématiques d’ouvrages en salles de lecture », explique Véronique Meunier, conservateur à la BnF (Tolbiac). « Plus occasionnellement, nous pouvons être amenés à monter des projets de grande envergure », précise la jeune femme qui a été commissaire de l’exposition « Contes de fées » en 2001. Autre aspect clé de la profession : la communication en direction du public. Tandis que Joël Huthwohl met ses archives à la disposition des chercheurs, étudiants ou passionnés de théâtre, et conçoit des visites et parcours autour de la Comédie-Française, Véronique Meunier supervise les imprimés et la documentation électronique proposés aux usagers, et aide deux fois par semaine les lecteurs dans leurs recherches bibliographiques.
Développer des aptitudes au travail d’équipe
Dernier pan du métier, le catalogage doit faciliter l’identification et le repérage des ouvrages par les usagers. Il suppose une maîtrise des outils informatiques et une réflexion sur la pertinence des mots-clé à indexer. « Notre fonction nécessite des compétences dans les domaines administratif et humain (gestion d’un budget et d’une équipe), juridique (droit de prêt, droit d’auteur), informatique (pratique des logiciels documentaires et de la bureautique), historiques (connaissance de l’histoire du livre, de la reliure et de l’édition) et techniques (catalogage, conservation préventive) », conclut Véronique Meunier. Pour les acquérir, un passage par l’École des Chartes est généralement conseillé (lire l’encadré). Recrutés sur concours (au niveau bac), les élèves sont initiés pendant trois ans à l’étude et à la conservation du patrimoine écrit. Nommés archivistes-paléographes à l’issue d’une scolarité qui est rémunérée (les étudiants jouissent du statut de fonctionnaire stagiaire), ils bénéficient de places réservées à l’Énssib (École nationale supérieure des sciences de l’information et des bibliothèques). Chargée de la formation des conservateurs de bibliothèque, cette institution accessible sur concours (à bac 3) dispense pendant dix-huit mois des enseignements à la fois théoriques et pratiques (stages, apprentissage de la gestion et de la conduite d’un projet). L’affectation des conservateurs dépend ensuite de leur classement et des vœux émis par les chefs d’établissement. En dépit des objectifs qu’elle affiche (apporter, en plus de compétences techniques de haut niveau, des aptitudes à la gestion et au travail d’équipe), l’Énssib « n’a pas assez de liens avec les réalités du métier, regrette Joël Huthwohl. Les cours sont trop abstraits, et les élèves infantilisés plutôt que responsabilisés ». Les stages constituent ainsi pour ce spécialiste le meilleur moyen de se familiariser avec les différentes facettes de la profession.
(1) C’est-à-dire une des 54 bibliothèques conservant des fonds anciens appartenant à l’État.
- Enssib, av. du 11-Novembre-1918, 69623 Villeurbanne Cedex, tél. 04 72 44 43 43/50/90, www.enssib.fr - École nationale des Chartes, 19 rue de la Sorbonne, 75005 Paris, tél. 01 55 42 75 00, www.enc.sorbonne.fr
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Conservateur de bibliothèque
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°181 du 21 novembre 2003, avec le titre suivant : Conservateur de bibliothèque