PARIS
La directrice de l’école a agrandi la bibliothèque, délimité un espace de travail pour le centre de recherche, remodelé la cafétéria et créé une résidence pour une quarantaine d’étudiants.
Paris. La crise sanitaire qui a frappé l’ensemble du système scolaire et universitaire en 2020-2021 n’a pas épargné les élèves de l’École du Louvre, dont le mode d’enseignement repose sur l’observation des œuvres et la mémoire visuelle. Au point que, pour la première fois dans l’histoire de cette école habituellement discrète et studieuse, un collectif d’étudiants a manifesté son « mal-être » dans les réseaux sociaux. « Nous avons dû développer dans l’urgence un intranet pour permettre aux étudiants de suivre les cours à distance et passer les examens en ligne », explique Claire Barbillon, la directrice de l’école depuis 2017. Le service informatique a pu construire dans un temps record ces briques numériques à partir du site de l’école, ce pour un coût de 235 000 euros sur trois ans auquel s’ajoutent les tarifs d’abonnement aux services en ligne de téléconférence (environ 140 000 € par an).
Les choses ont repris aujourd’hui leur cours normal et devraient s’améliorer encore depuis la réouverture en janvier dernier d’une bibliothèque agrandie et plus confortable et d’une cafétéria plus spacieuse. « Le projet était sur la table à mon arrivée, le mécénat exceptionnel d’un amoureux de l’école, Majid Boustany [président de la Francis Bacon MB Foundation], a permis de le concrétiser », poursuit-elle. En déplaçant la photothèque devenue obsolète, les espaces de la bibliothèque ont pu être agrandis et décloisonnés (pour une surface de 760 m²), faisant passer la capacité d’accueil de 100 à 150 places, tandis que tous les ouvrages sont désormais en accès libre. La bibliothèque accueille nouvellement deux sculptures d’Antony Gormley, offertes par le mécène, dont l’une est curieusement installée à l’entrée.
Malgré son architecture très minérale, il se dégage de cette longue galerie une atmosphère chaleureuse, « propice à la réconciliation des jeunes avec les livres », s’enthousiasme Claire Barbillon, faisant l’éloge de la sérendipité liée au support papier. 150 places, cela reste cependant encore un peu juste pour une population de plus de 1 000 élèves, même s’ils ne se trouvent pas tous en même temps dans le bâtiment de l’école. Quand ils ne sont pas en cours ou dans les salles du Musée du Louvre, ils sont en stage. « Ce sont les surtout les premières années qui y vont », explique la directrice.
La restructuration des lieux a également permis de créer une zone de travail de 80 m² pour les nombreux chercheurs, matérialisant ainsi le « centre de recherche ». L’établissement accueille en effet une dizaine de chercheurs associés et 73 doctorants inscrits dans une université partenaire (pour la thèse) dans le cadre d’un diplôme de troisième cycle de l’École du Louvre. Le centre de recherche pilotera d’ailleurs à la rentrée prochaine un nouveau diplôme de niveau post-master de recherche en histoire de l’art, archéologie et muséologie. Il offre une vingtaine de postes de travail.
L’école a profité des travaux pour légèrement agrandir et moderniser la cafétéria. Celle-ci reste cependant sous-dimensionnée pour un établissement de cette taille. C’est le revers d’une implantation à l’intérieur même du site du Louvre. L’école jouit d’une localisation exceptionnelle dans l’aile de Flore, bordée au nord par le jardin des Tuileries et au sud par la Seine. Les locaux avaient été réaménagés en 1998 dans le cadre du Grand Louvre. Les travaux de 2021-2022 ont été réalisés par l’architecte Heleen Hart pour un coût total de 2,8 millions d’euros dont une bonne partie a été financée par Majid Boustany.
Contrairement à une idée reçue, les étudiants ne pas tous issus de familles aisées parisiennes. Plus d’un tiers d’entre eux sont boursiers (26 % en première année) et les deux autres tiers viennent de province ou de l’étranger. Les difficultés de logement sont donc une véritable préoccupation pour bon nombre d’entre eux. Claire Barbillon est particulièrement fière de parler de « sa » Maison des élèves qui a ouvert en septembre dernier en plein cœur du très chic 6e arrondissement de Paris, « à quinze minutes à pied de l’École ». Cette Maison prend place dans l’hôtel de Transylvanie, un bâtiment du XVIIIe siècle, propriété de la Congrégation romaine de Saint-Dominique qui le loue à l’école. 42 élèves peuvent y bénéficier d’une chambre individuelle ou double pour un loyer mensuel, après déduction de l’aide personnalisée au logement (APL), de 400 à 525 euros. Parmi les 42 résidents, 13 bénéficient d’une bourse complémentaire permettant de couvrir l’intégralité du loyer. Là encore, 42 bénéficiaires pour plus de 1 000 étudiants, cela reste faible mais l’initiative mérite d’être saluée.
L’autre enjeu pour la directrice est d’améliorer le taux d’insertion professionnelle des diplômés. Avec un taux de 85 % en 2019, il est de un à trois points au-dessus du taux d’insertion de l’ensemble des diplômés de l’enseignement supérieur (84 % en 2013) et de celui des diplômés du secteur des arts plastiques (82 % en 2014), mais il peut et doit encore être amélioré. Claire Barbillon souhaite notamment développer la mobilité professionnelle des diplômés dans les musées en régions. Les anciens élèves disposent depuis 2016 d’une association (Alumni) et 6 000 d’entre eux figurent dans l’annuaire en ligne. Un enjeu qui dépasse la date d’achèvement, en décembre 2023, de son deuxième mandat que Claire Barbillon aimerait bien voir reconduit.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Claire Barbillon soigne ses élèves de l’École du Louvre
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°585 du 18 mars 2022, avec le titre suivant : Claire Barbillon soigne ses élèves de l’École du Louvre