Profession

Chargé du jeune public

Le Journal des Arts

Le 10 juin 2005 - 711 mots

La direction des publics d’une institution conçoit des programmes d’accueil et d’activités spécifiquement adaptés aux enfants et aux adolescents.

« Le poste de chargé du jeune public est exceptionnel puisqu’il ne peut exister qu’au sein de structures où l’équipe des publics est importante », précise Claire Legrand, chargée des publics au FRAC (Fonds régional d’art contemporain) Bourgogne et initiatrice de l’association Un moment voulu, laquelle réunit à ce jour une quarantaine de personnes exerçant cette profession. Le jeune public est une catégorie de visiteurs qui peut encore être subdivisée, puisqu’il faut adapter discours et activités en fonction des âges des enfants, mais aussi selon que ceux-ci viennent dans un cadre scolaire ou accompagnés de leur famille.
L’accueil et la collaboration avec les scolaires constituent la part essentielle des actions en direction des jeunes. Les institutions travaillent parfois, bien que ce soit de plus en plus rare, avec des professeurs détachés de l’Éducation nationale qui mettent leurs compétences au service du musée. C’est le cas d’Anne Matthaey qui exerce au service éducatif des musées de Strasbourg, visités en 2004 par plus de 45 000 élèves. « Nous sommes une vingtaine dans l’équipe, précise la médiatrice. Nous élaborons ensemble les projets et nourrissons une réflexion sur la recherche d’une pédagogie spécifique au musée, celle de la rencontre entre l’individu et l’œuvre. Je m’occupe plus particulièrement du suivi de projets spécifiques et de la formation des enseignants. »
Quand l’école ne vient pas au musée, il arrive que l’œuvre d’art  se déplace à l’école. Au Collège/FRAC Champagne-Ardennes, à Reims, chaque collaboration avec l’environnement scolaire est unique. « Il n’est pas question de proposer aux établissements un catalogue d’expositions prêtes à monter, précise François Quintin, le directeur de l’institution. Chaque exposition en milieu scolaire est abordée de manière originale et pensée avec le professeur de la classe – dont l’implication est essentielle à la réussite du projet –, et un enseignant-relais du rectorat. » Dix-sept expositions ont ainsi été organisées sur  ce mode l’année dernière. « Dès lors que c’est possible, nous encourageons les artistes à être présents, afin de faire comprendre aux enfants ce qu’est l’exigence d’un engagement artistique, afin de leur montrer que la rencontre avec une œuvre, c’est aussi une rencontre avec quelqu’un et avec une pensée particulière. Notre action n’est pas d’ordre éducatif, mais d’ordre sensible : rencontrer une œuvre, c’est faire l’expérience de l’autre. » Deux personnes, Isabelle Chanoir et Sébastien Bourse, composent l’ambitieux service des publics de ce FRAC, qui travaille actuellement à la préparation d’une résidence d’artistes prévue l’an prochain dans un lycée professionnel rémois.
Les activités pour le public individuel répondent souvent à un modèle classique : une visite des collections ou de l’exposition en cours est suivie d’ateliers pratiques permettant aux enfants d’expérimenter les techniques. La demande est très forte de la part des parents, désireux de voir leurs petits se « cultiver ». Cependant, les musées les plus spécialisés dans l’accueil des enfants sont unanimes sur le sens qu’ils donnent à ces activités : « Nous ne sommes pas une école », rappelle Nadine Combet, chargée d’études et de réalisations culturelles au Centre Pompidou, où L’Atelier des enfants s’impose comme un modèle de réussite. « Nous sommes un lieu de sensibilisation destiné à donner une ouverture d’esprit aux enfants, à les aider à comprendre que la création n’est pas un imaginaire gratuit. » Quelles que soient la taille de la structure et son ancienneté, tous les professionnels s’accordent à souligner l’importance d’une remise en question régulière des offres proposées aux jeunes publics. « Je passe le plus de temps possible avec les enfants qui viennent, c’est très important d’être sur le terrain, ça me permet de rester en phase avec eux et de proposer des activités durant lesquelles ils s’amusent », souligne Tanguy Pelletier, chargé du jeune public au Palais de Tokyo, à Paris. Avec un carnet de rendez-vous surchargé depuis leur création, le succès que rencontrent les ateliers TokTok destinés aux 6-10 ans et les contes TokTok conçus pour les maternelles parle de lui-même.

Formation

Il n’existe pas de formation spécifique pour être chargé des jeunes publics. La plupart des professionnels interrogés ont suivi un cursus d’art plastique ou d’histoire de l’art. Les formations en médiation culturelle sont toutefois les plus qualifiantes dans ce domaine.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°217 du 10 juin 2005, avec le titre suivant : Chargé du jeune public

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