Exerçant des responsabilités scientifiques parfois équivalentes à celles des conservateurs, ces professionnels aspirent à de nouvelles perspectives de carrière.
« Il s’agit d’un métier extrêmement varié, je n’ai jamais l’impression d’avoir à accomplir des tâches répétitives. » Tel est le sentiment de Jean-Christophe Ton-That, chargé d’études documentaires principal au Musée national du Moyen Âge – Thermes et hôtel de Cluny, à Paris. « Le métier peut revêtir plusieurs aspects en fonction des affectations, confirme Isabelle Foucher, en poste à la direction des Archives de France. Un travail de bibliothécaire et de documentaliste classique au sein des directions régionales des Affaires culturelles (DRAC) ou en administration centrale ; un travail au plus près des œuvres, équivalant à celui d’un conservateur dans les services d’archives ou dans les musées, enfin une mission plus liée à la communication dans certains établissements. » De quoi tordre le cou à certaines idées reçues sur les professions liées à la documentation, corroborées par la littérature officielle et austère des textes ministériels donnant définition de leurs missions : « Les chargés d’études documentaires assurent la recherche, l’acquisition, le classement, la conservation, l’analyse, l’exploitation et la diffusion de la documentation nécessaire aux missions du ministère. »
Missions plurielles
L’administration du ministère de la Culture compte en effet dans ses rangs un corps de catégorie A spécifiquement dédié à la documentation : celui des chargés d’études documentaires (CED) qui a, depuis quelques années, fusionné avec le corps des documentalistes. Au total, les CED sont au nombre de 436, dont 52 travaillent pour l’Éducation nationale, où le corps est en train de disparaître. À la Culture, ces professionnels sont ventilés au sein des différentes administrations, la direction des Archives de France et la direction des Musées de France en étant les plus gros employeurs. Chaque musée dispose en effet au minimum d’un poste de CED chargé des archives, de la bibliothèque, du centre de documentation, de la photothèque. C’est la fonction qu’occupe Jean-Christophe Ton-That, diplômé de l’Université et de l’École du Louvre, au Musée de Cluny. Outre la coordination de ces services, ses missions scientifiques sont plurielles. « Mes responsabilités ont été élargies par rapport au domaine de la documentation stricto sensu, explique-t-il. Je suis ainsi co-commissaire d’une exposition ; j’ai pu monter un festival de cinéma ; je m’occupe d’un groupe de recherche avec l’un des conservateurs du musée au sein de l’École du Louvre… » Le temps où les documentalistes n’exerçaient que des fonctions d’exécution semble donc révolu, et les conservateurs laissent aujourd’hui plus facilement le champ libre à ces précieux collaborateurs scientifiques, qui sont souvent surdiplômés. À la direction des Archives de France, Isabelle Foucher est ainsi responsable d’un fonds spécifique, celui de l’ancienne cour de justice du Châtelet. Opérations de conservation matérielle, recherches historiques, élaboration d’instruments de recherche, travaux de valorisation du fonds font ainsi partie de ses missions, à l’égal de celles d’un conservateur. Dans les directions régionales des Affaires culturelles, il n’est pas rare que, faute d’effectifs suffisants, les dossiers de protection soient instruits par des documentalistes recenseurs à la place du conservateur des monuments historiques.
De quoi engendrer parfois une certaine frustration, quand la porosité avec les deux professions est freinée par l’absence de passerelles entre les deux corps, sauf à passer par la procédure restreinte du « tour extérieur ». « Notre déroulement de carrière n’est pas à la hauteur », déplore ainsi Isabelle Foucher. La seule promotion est en effet l’obtention d’un grade supérieur. Et la situation est encore plus difficile pour les secrétaires de documentation, qui exercent souvent des fonctions similaires pour un statut de catégorie B. Dans les faits, la mobilité est également peu encouragée par la faiblesse des postes et la spécialisation des CED. Ouvert cette année, le concours de recrutement n’offre que neuf postes, quand les syndicats en réclament cent cinquante, notamment dans les services d’archives. Une modification statutaire serait également envisagée par le ministère de la Culture. Après avoir intégré dans ce corps les régisseurs – qui exercent pourtant un métier très différent –, l’idée serait de rattacher les CED au corps des attachés d’administration. Si ce statut peut leur offrir plus de mobilité, il risque aussi de faire disparaître leur spécificité scientifique. À cela s’ajoute une autre inquiétude : celle de l’autonomie de recrutement des établissements publics, souvent tentés de s’offrir les services de contractuels, y compris sur les fonctions de documentation.
Recrutement par concours ouvert en fonction des recrutements. Organisé cette année pour 9 postes ouverts en interne et externe – les épreuves d’admissibilité se sont déroulées les 5 et 6 mai –, ce concours n’avait pas eu lieu depuis 2006. Accès après un diplôme national de second cycle.
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Chargé d’études documentaires
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°303 du 16 mai 2009, avec le titre suivant : Chargé d’études documentaires