Écoles supérieures publiques et privées, ou filières universitaires, leur but est d’accompagner l’étudiant afin qu’il développe son univers personnel.
Entre les 45 écoles supérieures d’art publiques préparant des diplômes nationaux, les filières privées et les études à l’université, difficile de s’y retrouver. Pour rappel, le point commun de ces formations est d’accompagner une démarche de création libre dans son essence, et reposant sur l’inspiration et les choix personnels. Si aucun diplôme ne peut valider le fait d’être un artiste, les établissements sont là pour accompagner l’étudiant dans son envie de créer, en lui donnant les moyens d’expérimenter et de développer son univers personnel grâce à la connaissance des différents médiums et l’apprentissage de techniques.
Les bacheliers généralistes constituent la grande majorité des troupes intégrant les écoles d’art, mais les autres séries de bacs (technologiques ou professionnels) ont également leur place. Certains établissements, comme par exemple l’école des beaux-arts de Lyon, acceptent des non-bacheliers sur dérogation. Généralement, la procédure de sélection requiert un dossier personnel de travaux artistiques, une lettre de motivation, des épreuves d’art plastiques et des épreuves écrites.L’entretien avec un jury permet de mesurer la motivation de l’étudiant, sa connaissance de l’école, sa perception des études artistiques. « Le fait qu’il n’y ait pas de discours bon ou mauvais à tenir peut être très déroutant pour le candidat », relève Estelle Pagès, qui vient de quitter la direction de l’École nationale supérieure des beaux-arts de Lyon. « Les futurs élèves doivent surtout convaincre de leur curiosité pour l’art, qui peut prendre différentes formes, par exemple une passion pour le cinéma ou encore pour la presse. » Le jury attend aussi que les candidats aient « une certaine vision du monde contemporain, et un début de réflexion critique sur notre société. » Les études dans les écoles supérieures d’art et design se déroulent généralement en cinq ans : un premier cycle de trois ans conduit au diplôme national d’art (DNA, grade de licence), que l’on peut poursuivre avec le diplôme national supérieur d’expression plastique (Dnsep, grade de master). Passée la première année généraliste, il est possible de choisir parmi trois grandes options : art, design ou communication.
L’enseignement est à la fois théorique, une trentaine d’heures de cours par semaine, et très orienté sur la pratique et le projet de l’étudiant. D’une manière générale, l’enseignement des filières universitaires est plus abstrait et offre moins d’heures d’atelier. Chaque école ayant sa spécificité, il est essentiel d’aller aux portes ouvertes pour échanger avec des étudiants et des professeurs, et bien cerner l’offre pédagogique. « La richesse et la particularité de l’école, c’est la possibilité d’expérimenter un large panel de médiums, des plus classiques – comme le dessin, la peinture, la sculpture – aux médias numériques, installations, vidéos, en passant par la céramique ou les performances vocales », explique Rémy Hysbergue, enseignant à l’École supérieure d’art et design de Saint-Étienne (Esadse). Le point commun de cette filière : « Des études qui sont encadrées tout en demandant une certaine autonomie. On attend des élèves qu’ils expérimentent et prennent des initiatives », souligne Estelle Pagès.
Après leur cursus, tous les diplômés ne deviennent pas artistes : moins de 10 %, pourront vivre de leur art. Les autres rejoignent les métiers créatifs (graphiste, designer, directeur artistique), la communication dans les musées et institutions culturelles, la médiation artistique, l’enseignement (professeur d’arts plastiques, enseignant dans les ateliers d’art municipaux…). Reste que se préparer au monde professionnel doit s’anticiper bien avant le diplôme, en multipliant les stages et les contacts. Certaines écoles en prévoient dans les cursus, d’autres beaucoup moins : c’est un critère important à examiner.À noter, depuis 2023, l’apprentissage fait aussi son entrée dans les études artistiques, avec des masters en alternance proposés notamment dans les écoles supérieures d’art de Nantes, Saint-Nazaire et Saint-Étienne.
Parcours sur-mesure
Dans le domaine des formations artistiques, tout ne se joue pas sur le concours d’entrée en première année, heureusement ! Bon nombre d’étudiants ne suivent pas un parcours rectiligne, mais rejoignent ces filières après avoir entamé un autre cursus, ou décident de changer d’établissement, généralement après la licence. Par exemple, certains diplômés d’école d’art choisissent de poursuivre vers une formation en métiers d’art, afin d’ajouter une dimension manuelle et artisanale à leur parcours.Si les bifurcations en cours d’études sont toujours possibles, elles nécessitent cependant de se renseigner en amont. Il faut parfois partir à la pêche aux informations pour monter un dossier de candidature.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°771 du 1 janvier 2024, avec le titre suivant : Arts plastiques : création et liberté