Favoriser l’apprentissage du regard chez les plus jeunes grâce à l’organisation d’ateliers pédagogiques, telle est la mission de ces spécialistes de la médiation.
Comment rendre les œuvres d’art accessibles aux plus jeunes ? Comment initier les enfants à l’art sans être rébarbatif ? Soucieux de toucher un nombre toujours plus grand de visiteurs, les musées se sont dotés, au cours de ces dernières années, d’un service éducatif capable d’accueillir leurs visiteurs de demain : les enfants. Ouvertes aux groupes scolaires mais aussi aux individuels, ces animations rencontrent aujourd’hui un succès croissant. Créé en 1975 et pionnier dans ce domaine, le Musée en Herbe, au Jardin d’Acclimatation, à Paris, se consacre depuis plus de trente ans exclusivement aux enfants, qui sont acceptés dès l’âge de deux ans et demi dans des « baby-ateliers ». Ses 100 000 visiteurs annuels peuvent être considérés comme un gage de réussite pour la pédagogie de ce lieu atypique. Pour Corinne Héreau, responsable du service pédagogique et animatrice dans ce musée, il faut en effet d’abord « permettre aux enfants d’apprendre en s’amusant et laisser leur créativité s’exprimer ». Sans recette préétablie, la petite équipe pédagogique s’attache donc à renouveler régulièrement ses ateliers en fonction de la programmation des expositions du Musée en Herbe. Avec toujours un même mot d’ordre : privilégier l’aspect ludique sans négliger le degré d’exigence, car s’adresser aux enfants ne signifie pas bêtifier. Le déroulement est souvent d’une grande simplicité. « En général, nous accueillons les enfants et nous leur faisons d’abord visiter l’exposition en leur parlant, par exemple, de la vie du peintre et en détaillant quelques œuvres. Un jeu de questions, qui leur donne des clés de lecture, peut ainsi s’établir. L’activité se poursuit ensuite dans le cadre des ateliers créatifs », poursuit Corinne Héreau. L’exposition actuellement en cours, consacrée aux religions monothéistes, permet ainsi aux enfants de suivre un parcours-jeu puis de réaliser, dans le cadre de l’atelier, une sculpture d’un bouddha, un vitrail biblique, une icône sur bois, ou encore de pratiquer la calligraphie arabe. Les portes d’entrée sont donc multiples : récit ou comptine, technique de création de l’artiste, couleur, thème iconographique… Pour Karine Edry, qui exerce dans le cadre du Musée d’art et d’histoire du Judaïsme, à Paris, la démarche est similaire : « Nous partons toujours de l’objet, qui, dans notre musée, n’est pas forcément une œuvre d’art. Nous essayons de lui donner vie afin qu’il soit accessible aux enfants ». Il s’agit donc de rendre l’enfant actif, voire de lui faire appréhender le sujet par le corps. La démarche s’accompagne ensuite de la production d’un objet, qui permettra de prolonger l’expérience avec ses parents.
Le métier exige donc d’apprécier le contact avec les enfants, mais requiert aussi patience et goût de la transmission. Car, pour le reste, aucune formation spécifique n’est exigée, et les profils de ces animateurs peuvent être très divers. Si la majeure partie d’entre eux a suivi des études d’histoire de l’art, d’autres sont issus des filières médiation culturelle ou des sciences de l’éducation, alors que certains sont artistes plasticiens ou comédiens. « Pour nous, peu importent les diplômes, confirme Corinne Héreau, ce qui compte, c’est la motivation et l’adhésion à notre pédagogie. » Les programmes ou l’élaboration du matériel sont souvent le fruit d’un travail d’équipe, d’une confrontation entre les sensibilités de ces professionnels. Le passage par un stage dans un service éducatif viendra toutefois judicieusement conforter ou infirmer une vocation. Car il faudra ensuite être muni d’une solide motivation pour décrocher un poste fixe dans un service où les places sont généralement très prisées. Parfois, les animateurs d’ateliers pour enfants sont des conférenciers indépendants, capables de s’adapter à tous les publics, des enfants aux seniors.
Le métier reste difficile, voire éreintant car les ateliers peuvent être très intenses quand il s’agit d’une classe d’une trentaine d’élèves. Il est aussi trop souvent précaire, les contrats étant saisonniers ou calqués sur le calendrier scolaire. Toutefois, les animateurs gardent précieusement leur place. « Même s’il est souvent difficile de mesurer le degré de satisfaction du public, souligne Karine Edry, une chose est sûre : avec les enfants, il se passe toujours quelque chose ! »
Il n’existe pas de formation spécifique à l’animation d’ateliers pour enfants.
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Animateur d’ateliers pour enfants
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°234 du 31 mars 2006, avec le titre suivant : Animateur d’ateliers pour enfants