Astérix fait son entrée à la BNF sur fond de discorde familiale

En transmettant à la Bibliothèque nationale, trois albums complets, contenant exclusivement des dessins encrés, Albert Uderzo consent là une importante donation au profit de l’établissement public. Or, en plein conflit judiciaire familial, le sens de cette libéralité est discuté. Après une attaque de la fille Uderzo contre son père sous forme de plainte pour abus de faiblesse, celui-ci avait riposté sous forme d’accusation pour harcèlement. En privilégiant l’intérêt général du public et l’enrichissement des collections nationales, au détriment de sa descendance, cette cession s’apparente dès lors à une véritable imputation du patrimoine de sa fille.

La qualité graphique de ces planches n’en reste pas moins indéniable. L’acceptation de cette donation par la BNF vaut reconnaissance d’un style. Les différentes composantes du dessin attestent de cette esthétique singulière, si conforme à l’esprit d’Uderzo et Goscinny. L’exactitude des traits et la justesse du mouvement participent de cette intensité humoristique emblématique.

Le co-créateur de personnages mythiques est l’auteur d’un grand dessein, auquel une exposition se propose de rendre hommage en 2013 au sein même de la bibliothèque. Plus encore, le fait qu’une institution aussi ancienne que la Bibliothèque de France intègre dans ses réserves de tels albums aboutit à la reconnaissance d’un genre, celui du Neuvième Art.