BERLIN (ALLEMAGNE) [26.02.13] - Le festival du film de Berlin a organisé un débat sur la confusion des genres entre films de cinéma et vidéo d’art. Les participants ont mis en évidence les points communs et surtout les différences entre ces deux productions.
Depuis 2006, le festival du film de Berlin accueille des œuvres à la frontière entre art contemporain et cinéma, dans une section spécifique intitulée Forum Expanded. Stefanie Schulte Strathaus, créatrice de cette section, en rappelle l’origine. Peu avant à la projection en 2002 d’un film de trois heures, Gina Kim’s Video Diary, l’artiste coréenne avait été prise de panique, affirmant que son œuvre avait été conçue comme une installation et non comme un film à voir de bout en bout dans une salle obscure. L’idée était alors venue de créer une plateforme spécifique pour ce type d’œuvre.
Dix ans plus tard, de plus en plus de vidéos d’art sont présentées à la Berlinale. Un débat sur la frontière mouvante entre septième art et art contemporain y était organisé cette année. « Cette conversation entre les deux mondes n’est certainement pas nouvelle », déclare Teresa Hoefert de Turegano, représentant le Medienboard Berlin-Brandeburg, un des plus importants organismes de financement cinématographique européen. Depuis 2003, l’organisme finance des films réalisés par des artistes.
Elle insiste tout d’abord sur les différences entre les deux métiers : alors que la production dans le cinéma suppose d’abord un financement, la production pour un projet artistique signifie plutôt un soutien technique et technologique, à l’instar de celui fourni par l’association française Khiasma, représentée à la Berlinale par son directeur Olivier Marboeuf.
Lors des demandes de financement, Hoefert de Turegano note également la différence entre les CV des artistes, qui mettent l’accent sur les lieux d’exposition, et ceux des metteurs en scène qui énumèrent leurs œuvres. Autre différence fondamentale entre installation vidéo et film, les artistes conservent le copyright d’une installation vidéo, alors que le metteur en scène l’abandonne au profit du producteur, mais touche des royalties sur les recettes.
Dernière différence, la distribution. Dans le domaine des œuvres d’art se pose en effet la question des recettes. Tout investissement qui ne rapporte pas devient une subvention, selon les producteurs de cinéma. Caroline Kirberg, productrice chez Jucca film, déclare avoir essayé de vendre des images arrêtées de vidéos d’art, sans grand succès. Une autre solution est de produire deux versions de l’œuvre, l’une destinée aux salles obscures, l’autre aux galeries.
Si ces différences fondamentales perdurent, l’arrivée du numérique a permis une plus grande porosité entre les deux formes d’art. Selon Teresa Hoefert de Turegano, ce qui est nouveau, c’est la professionnalisation croissante des artistes en matière de cinéma, comme le montrent les productions de qualité financées par le Medienboard et réalisées par deux artistes lors de la dernière Documenta, Omer Fast et Clemens Wedemeyer. Ces deux œuvres avaient d’ailleurs été diffusées par la chaîne de télévision publique 3Sat en prime time. Pour répondre à cette professionnalisation, le financement de projets artistiques par cet organisme est passé de 4 en 2004 à 14 en 2008.
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Art et cinéma à la Berlinale 2013
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Abonnez-vous dès 1 €Berlinale 2009, Berlin - © Photo Rainier Brunet-Guilly - 2009 - Licence CC BY-SA 3.0