Dans le contexte du débat sur l’art contemporain, Yves Michaud profite du dépôt de deux cents œuvres issues de sa collection au Musée d’art moderne de Céret, dans les Pyrénées-Orientales, pour lancer quelques critiques acerbes, l’une de ses spécialités, à l’encontre des \"fonctionnaires d’État\" et autres conservateurs de musées.
PARIS - Le profil de la collection d’Yves Michaud, philosophe, critique d’art et ancien directeur de l’École nationale supérieure des beaux-arts, est fidèle à ses rencontres, à ses coups de cœur, à la passion qui l’anime depuis 1974. Des petits maîtres du XIXe siècle, son intérêt s’est rapidement porté sur de jeunes artistes du sud de la France, de Nîmes, Montpellier ou Marseille. Ses premiers textes sur l’art, liés à une volonté de mettre ses idées au clair, datent de cette même époque, le milieu des années soixante-dix. En réalité, pour le critique, "l’acte de collectionner a toujours été (...) lié à celui d’écrire sur l’art". Beaucoup d’œuvres sont en effet entrées dans sa collection à l’occasion de collaborations avec des artistes, d’expositions ou de préfaces de catalogues.
Cet ensemble présente aujourd’hui une belle continuité : Buraglio, Jean-Pierre Pincemin, Claude Viallat, Alain Clément, Joël Kermarrec, Jan Voss, Stéphane Bordarier, Hervé Télémaque ou Vincent Corpet. La collection comprend également trois belles œuvres de Toni Grand, "des pièces importantes pour l’époque". Yves Michaud avoue un faible pour "une peinture où la couleur intervient de manière sèche, sans excès de matérialité ni de pâte, où le peintre parvient à montrer qu’il met à distance l’objet pictural". Le choix des pièces correspond à celui "d’un collectionneur en appartement", en particulier pour la dimension. Le philosophe fait avant tout confiance aux goûts des privés et condamne vertement les conservateurs de musées dans la préface du catalogue qui accompagne le dépôt : "Je ne vois pas pourquoi des fonctionnaires d’État à la glorieuse irresponsabilité et à l’arrogance souvent commensurable à leur irresponsabilité, et inversement proportionnelle à leur compétence, décident du patrimoine des musées et de ce qui est bon pour la constitution de notre mémoire au nom de la création contemporaine".
Le choix du Musée d’art moderne de Céret est évidement très lié aux prises de position d’Yves Michaud contre le centralisme à la française. Ce musée dispose en effet d’une collection cohérente, qui reflète assez fidèlement l’histoire artistique locale, la Catalogne et le nord de l’Espagne, en s’intéressant parfois aux mêmes artistes que le philosophe. Après la présentation exhaustive du dépôt, les pièces de la collection seront montrées en alternance au sein du parcours permanent du musée.
LA COLLECTION D’YVES MICHAUD, présentation du dépôt du 26 avril au 15 juin, Musée d’art moderne, 8 bd du Maréchal Joffre, 66400 Céret, tél. 04 68 87 27 76. Tlj sauf lundi 10h-18h en avril, tlj 10h-18h à partir de mai
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Yves Michaud fait l’éloge du goût privé
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°36 du 18 avril 1997, avec le titre suivant : Yves Michaud fait l’éloge du goût privé