Dans le domaine de l’art contemporain, le marché de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur a deux visages : la province pour le marché local, mais la “French riviera” pour le marché international. Faible, l’activité de Marseille dans le secteur est proportionnellement inverse au nombre d’artistes qui y vivent (lire également page 18), et à Nice, la situation ne varie guère. “Il suffirait de transposer notre espace à Paris pour avoir une fréquentation différente”, explique Diane Pingeau de la galerie de l’Atelier Soardi, installée rue Désiré-Niel à Nice dans des locaux autrefois occupés par Matisse. Raymond Hains, Natacha Lesueur, Ben ou Günther Forg figurent parmi les artistes présentés par la galerie, qui ouvre également ses espaces à des créateurs moins confirmés, souvent issus de l’école d’art de la Villa Arson. “Le lieu que nous occupons est loin d’être celui d’une galerie classique et c’est aussi ce qui nous a permis de nous inscrire sur la durée, reconnaît Diane Pingeau. Car si nous avons quelques collectionneurs locaux mais aussi nationaux et internationaux, il n’est pas évident de maintenir une activité en province, il faut un véritable engagement.”
Avec des artistes comme Pier Paolo Calzolari – dont elle proposera une exposition cet été –, Bernard Pagès, Claude Viallat, François Morellet ou Michel Verjux, la galeriste Catherine Issert a, depuis l’ouverture de son espace en 1975 à Saint-Paul de Vence, acquis une réputation internationale, et ce malgré l’absence d’un marché local. “Nice, et pas davantage Cannes, n’ont produit de collectionneurs, estime Catherine Issert. En une trentaine d’années, j’ai pu l’observer. Le marché ici est nécessairement international.” Ces dernières années, Catherine Issert a aussi été amenée à développer ses activités en dehors de ses murs, comme le conseil et l’organisation d’expositions, à l’image de l’accrochage de François Morellet dans le cabinet parisien de l’agence d’architecture Valode et Pistre (lire le JdA n° 161, 20 décembre 2003). Toutefois, cette évolution n’est pas uniquement le reflet d’une situation locale, elle traduit une tendance générale. “La situation a évolué. Les maisons de ventes jouent aujourd’hui, dans le domaine de l’art contemporain, un rôle qui n’était pas le leur, et le nombre pléthorique de foires fait que les collectionneurs se réservent”, note la galeriste.
Pour Pierre Nahon, l’installation de la galerie Beaubourg au château Notre-Dame des Fleurs à Vence répondait en 1992 aux incertitudes économiques du marché. “L’idée était celle d’un lieu un peu ‘bâtard’ entre le musée et la galerie, où nous pourrions aussi vivre et où les difficultés commerciales pèseraient moins lourd, se souvient le galeriste qui se félicite de son choix. Le marché existe ici, mais notre chiffre d’affaires est à 90 % international. Bien sûr, avec la situation politique, les Américains boudent aujourd’hui la France. C’est un manque dont nous souffrons, mais ils reviendront. La Côte d’Azur reste la Côte d’Azur.”
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Une situation locale et un marché international pour l’art contemporain
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°172 du 30 mai 2003, avec le titre suivant : Une situation locale et un marché international pour l’art contemporain