À l’heure où les musées éprouvent des difficultés financières et comptent sur les donateurs pour enrichir leurs collections, une nouvelle affaire en Écosse de non-respect des clauses testamentaires attachées
à un legs risque de dissuader les bonnes volontés.
GLASGOW - Le 20 octobre, une commission parlementaire écossaise a cassé les dispositions légales de Sir William Burrell qui interdisaient à son prestigieux fonds de sortir du territoire britannique pour des expositions temporaires. Depuis cinq ans, la municipalité de Glasgow réclamait l’abolition de cet article, qu’elle jugeait nuisible au rayonnement international du musée. La Fondation Barnes avait déjà créé un précédent. En 1992, ses dirigeants avaient décidé de supprimer les cours d’histoire de l’art dispensés par le centre, et d’autoriser la circulation des œuvres, contrairement aux directives du fondateur philanthrope. Là encore, il s’agissait de sortir l’établissement d’une situation difficile et d’obtenir de larges subsides grâce à la location des œuvres. À chaque fois, les musées jouent sur la distinction entre l’esprit et la lettre : certaines mesures imposées par les bienfaiteurs pour protéger la collection peuvent, avec le temps, devenir un obstacle au développement, voire à la survie de cette même collection. Mieux vaut alors les modifier. Le conseil municipal de Glasgow a ainsi fait valoir que l’interdiction des prêts à l’étranger faite par Sir William date d’une époque où les transports aériens étaient encore incertains. Neil MacGregor, directeur de la National Gallery, a défendu cette thèse.
Accepter ce type d’argument ouvre néanmoins la porte à toutes les interprétations. Aussi le verdict de l’affaire Burrell a-t-il produit une vive émotion dans le monde de l’art. Le collectionneur Sir Denis Mahon s’est déplacé jusqu’à Glasgow pour faire part de son désaccord. Ce n’est pas la première fois que cet amateur intervient vigoureusement face à des musées irrespectueux. Il avait annulé son legs à la Walker Art Gallery de Liverpool, en réaction à la mise en place d’un système d’entrées payantes. Du côté institutionnel aussi, on s’inquiète. Sir Nicholas Goodison, président du National Art Collection Fund, s’avoue navré : “L’avenir des dons et legs à nos musées et galeries repose sur la confiance des collectionneurs. Ce lien essentiel entre donateur et destinataire a ici été rompu.”
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Une nouvelle affaire Barnes ? Glasgow contre Sir Burrell
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°49 du 5 décembre 1997, avec le titre suivant : Une nouvelle affaire Barnes ? Glasgow contre Sir Burrell