La nomination aux États-Unis du nouveau président du National Endowment for the Arts (NEA) devrait permettre à l’organisme fédéral de subvention des Arts de calmer la violente campagne menée contre lui par les conservateurs et les chrétiens de droite américains.
WASHINGTON - La Maison Blanche a annoncé la nomination de William R. Ivey à la présidence du National Endowment for the Arts. Il remplace Jane Alexander, qui avait démissionné en octobre après quatre années difficiles.
Le choix de cet ethnomusicologue de 54 ans – directeur de la Country Music Foundation de Nashville (Tennessee) depuis 1971, ancien professeur de musique à la Vanderbilt University et ancien membre de la Commission d’allocation des subventions du NEA – s’inscrit tout à fait dans la nouvelle stratégie de l’organisme fédéral, violemment attaqué par les conservateurs et les mouvements chrétiens de droite depuis la fin des années quatre-vingt. Ses adversaires reprochent notamment au NEA d’avoir subventionné des artistes “indécents ou anti-patriotiques”, comme les photographes Robert Mapplethorpe et Andres Serrano. En septembre 1996, les républicains de la Chambre des représentants ont d’ailleurs fait adopter la dissolution de l’organisme. Un vote promis au veto présidentiel et annulé par le Sénat.
Le NEA calme le jeu
Afin de calmer ses opposants, la direction du NEA a entrepris plusieurs remaniements internes au cours des dernières années. Les subventions individuelles, à l’origine de la controverse, ont été supprimées dans toutes les disciplines, à l’exception de la littérature. Seules les dotations en faveur d’organisations à but non lucratif sont aujourd’hui autorisées. Quatre catégories interdisciplinaires mêlant art traditionnel et avant-garde ont été retenues. Enfin, en octobre 1997, le NEA a publié un rapport sur sa situation actuelle et son futur projet, intitulé “American Canvas”. En réponse aux accusations d’élitisme, il préconise une orientation plus “populiste”, privilégiant les manifestations communautaires afin d’élargir le public par tous les moyens possibles. Ce projet est le résultat de séminaires organisés à travers le pays avec différents administrateurs d’institutions artistiques.
Nommé à la mi-décembre – un mois et demi avant que les membres du Congrès ne rentrent de vacances –, William R. Ivey reste d’une grande prudence. “On m’a conseillé de ne donner, pour l’instant, aucune information sur la manière dont je prévois de diriger l’organisme, a-t-il confié juste après sa nomination. Je devrais prendre mes fonctions au début du mois de février ; je pourrai alors m’entretenir avec les membres de la commission du Congrès et proposer différentes orientations.” Outre son sens de la diplomatie, il vit depuis 25 ans dans le Sud des États-Unis, ce qui constitue un atout certain face à des opposants principalement originaires de cette région.
Si sa nomination est ratifiée par le Sénat, William R. Ivey devrait suivre au plus près la politique de survie adoptée ces derniers temps par le NEA. “Pour commencer, je compte me concentrer sur l’art populaire et commercial, admet-il, mais j’ai suffisamment d’expérience pour m’occuper efficacement de toutes les formes d’art existant aux États-Unis”.
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Une nomination diplomatique
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°53 du 30 janvier 1998, avec le titre suivant : Une nomination diplomatique