Le 14 novembre, la sixième édition de Paris Photo ouvrira ses portes dans le Carrousel du Louvre. Le salon, qui a accompagné le plein essor de la photographie sur le marché, poursuit une politique d’ouverture en fédérant
les différentes tendances de la photographie et en accueillant une centaine de galeries, majoritairement étrangères.
Paris Photo n’aura pas attendu sept ans pour atteindre son âge de raison. Six ans après sa création, la réussite du salon ne s’est jamais démentie, et c’est désormais sous les auspices de Reed, organisateur de la Fiac, que s’opère la manifestation. Son créateur, Rik Gadella, considéré comme la véritable “‘âme” de la foire, en est le directeur artistique attentionné. On ne change pas une équipe qui gagne, et Paris Photo 2002 continue avec ses fidèles. Paula Cooper, Howard Greenberg, Hans P. Kraus Jr. et Edwyn Houk sont venus de New York, Hamiltons et Michael Hoppen, de Londres et, côté français, Agathe Gaillard, Baudoin Lebon, ou Durand-Dessert seront encore au rendez-vous. La seule énumération de ces piliers suffit à identifier une des composantes du succès de Paris Photo : son ouverture et sa disponibilité à toutes les formes de la photographie. “Pendant quinze ans, les collectionneurs d’art sont restés au bord de la piscine photographique et beaucoup se sont lancés, juge Michèle Chomette. En sens inverse, des collectionneurs de photographie contemporaine ont ouvert les yeux sur une production qui leur échappait jusqu’alors.” Présente au salon depuis l’édition 2000, la galeriste parisienne défend de longue date une vision transversale de ce médium. Sur le thème de la “Question d’échelle”, elle présentera sur son stand des épreuves d’époque de Baldus, Bisson, Evans ou Rudomine, mais aussi des travaux tout récents, comme ceux d’Éric Rondepierre.
Les débats sur la photographie “photo”, la photographie “plasticienne” ou autres chapelles obscures semblent désormais appartenir aux années 1990 et, sur le simple plan du marché, Paris Photo n’y est peut-être pas étranger. “Dès le début, nous avons fait la jonction, explique Rik Gadella. C’est d’ailleurs ce qui nous a différenciés d’un événement comme l’Aipad [la foire organisée chaque année par l’Association internationale des marchands de photographies à New York]”. Cette année encore, les allées du Carrousel du Louvre seront fédératrices. S’y trouveront aussi bien les vues saisies par Charles Marville dans un Paris d’avant Haussmann (galerie Hypnos, Paris), les grands fournisseurs d’images surréalistes (chez le Parisien 1900-2000 évidemment), le photojournalisme d’Harry Callahan (Agathe Gaillard, Paris), les inventions de Philippe Ramette (Renos Xippas, Paris), les identités fragiles de Jürgen Klauke (galerie Cent8, Paris) que les balades désormais “classiques” de Nan Goldin (galerie Taché-Lévy, Bruxelles).
Autre constante du salon, sa vocation internationale. Paris demeure une place forte dans le domaine et, sur les quatre-vingt-neuf exposants présents, 60 % sont étrangers. “Paris Photo n’est pas un salon européen mais bien mondial”, rappelle Rik Gadella. Depuis l’an passé, le secteur “Statements” est conçu comme une ouverture supplémentaire vers les galeries étrangères. Pour 2002, six galeries hollandaises (lire pages 16 et 17) succèderont à leurs collègues allemandes invitées l’an passé. La stratégie porte ses fruits puisque dix-huit galeries d’outre-Rhin sont présentes cette année, et les organisateurs ont enregistré soixante-quinze demandes venant de ce pays. “C’est la meilleure foire dans ce domaine”, se réjouit le colonais Franz van der Grinten, présent ici pour la première fois. Sur le stand de sa galerie, Büro für Fotos, on remarquera pour le versant contemporain la présence du Français Pierre Faure, de l’Allemand Dirk Königsfeld et, côté “historique”, un accrochage tournant de Karl Hugo Schmölz. Autres arrivées, parmi les dix-neuf nouvelles galeries, celles remarquées de Laurence Miller (New York), Daniel Blau (Munich), Haas & Fuchs (Berlin), Thomas Zander (Cologne), Julie Saul (New York), Shine (Londres) et la Galerie 779 (Paris). Sans doute rassurés par les bons résultats de la Fiac qui vient de fermer ses portes, les exposants attendent donc les amateurs. Ces dix dernières années, ceux-ci ont salué la photographie par des prix qui n’en finissent pas de grimper. “La cote ne s’est pas encore stabilisée, tempère Michèle Chomette. Il y a des pics sur lesquels on peut s’interroger.” Reste que Paris Photo a su accompagner la reconnaissance marchande d’un médium, et en tire aujourd’hui un succès certain.
Avec un tel programme, ce n’est pas la durée très serrée du salon (trois jours) qui devrait empêcher les 40 000 visiteurs prévus de se presser dans les allées de Paris Photo. À son succès “marchand�?, le salon a en effet su allier une audience populaire en organisant rencontres et événements. Attendue, l’exposition qui accompagne le salon est cette année consacrée à Ansel Adams. Paris Photo ne rompt qu’à moitié avec une tradition qui voulait jusque-là rendre hommage aux collections d’entreprises, puisque les tirages uniques d’Adams proviennent du fonds de Polaroïd, pour qui le photographe fut consultant à partir de 1949. Au côté de paysages en tirage argentique, plus d’une cinquantaine des images issues de cette collaboration entre 1950 et 1970 seront présentées.
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Abonnez-vous dès 1 €- Paris Photo, du 14 au 17 novembre, jeudi et samedi 11h-20h, vendredi 11h-22h, dimanche 11h-19h, Carrousel du Louvre, 99 rue de Rivoli, 75001 Paris, www.parisphoto.fr
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°158 du 8 novembre 2002, avec le titre suivant : Une formule heureuse