Bilan

Une Fiac en belle forme

Par Frédéric Bonnet · Le Journal des Arts

Le 29 octobre 2013 - 506 mots

À la fois qualitative et commercialement active, la foire parisienne n’a pas manqué le rendez-vous de son 40e anniversaire.

PARIS - « La foire est formidable ! L’atmosphère y est très européenne et pas seulement française. On y rencontre des amateurs au contact agréable et au regard rigoureux, qui ne craignent pas l’engagement critique. Les institutions sont très présentes également et montrent de l’intérêt pour les artistes de la galerie. » Pour sa première participation à la Fiac, qui s’est déroulée du 24 au 27 octobre, à Paris, Catriona Jeffries (Vancouver), qui présentait notamment des œuvres de Ian Wallace, Ron Terada et Geoffrey Farmer, n’a pas tari d’éloges sur la manifestation.

Pour nombre de galeries participantes, cette quarantième édition s’est en effet déroulée pour le mieux, et ce tant chez les jeunes galeries que chez les poids lourds. Tandis que Thomas Krinzinger (Vienne) confiait « [avoir] fait en deux jours plus que le chiffre de 2012, et en vendant à des collectionneurs vraiment très sérieux », chez Marcelle Alix (Paris), qui s’est notamment défaite d’une grande bâche transparente couverte de feuilles d’argent par Ian Kiaer, Isabelle Alfonsi précisait : « C’est notre meilleure Fiac en quatre participations. Nous avons triplé le chiffre de l’an dernier. La foire a catalysé des affaires en cours, qui sans notre présence ici auraient pris plus de temps à travers la seule galerie. »
D’autres nuançaient toutefois cet enthousiasme. Ainsi la directrice d’une importante galerie européenne précisait : « Nous avons beaucoup de touches, mais il est difficile de concrétiser. La foire me fait un peu penser à un chewing-gum étiré, ce sont les petits et les gros prix qui marchent bien, mais c’est beaucoup plus difficile pour les prix moyens [aux environs de 30-40 000 euros]. »

Un arbre à 3 millions de dollars
D’un point de vue artistique, la manifestation s’est aussi montrée attractive, offrant une belle image d’ensemble, même si ça et là des nuances et bémols étaient à relever. Comme par exemple la prestation inutile et sans finesse de Neugerriemschneider (Berlin) se contentant de planter sur son stand un arbre en tôle de 7 mètres de haut de Ai Weiwei, devenu une caution morale inattaquable qu’il est de bon ton d’agiter à intervalles réguliers ; une œuvre qui, en édition de trois plus une épreuve d’artiste, était d’après une indiscrétion proposée pour une somme folle, au-delà de 3 millions d’euros !
À l’opposé, certains faisaient montre d’une remarquable intelligence, tel Laurent Godin (Paris) qui a confié à Haim Steinbach la conception de ce qui s’est révélé être l’un des plus beaux stands de la foire, avec ses parois décalées et partiellement ouvertes et des pièces surprenantes également, comme un lai de papier peint à motifs de bambous datant des années 1980. Ou encore Gavin Brown’s Enterprise (New York) proposant un formidable accrochage de grands tableaux récents de Laura Owens, dont la qualité du travail semble depuis deux ans être à son apogée et qu’il était enthousiasmant de voir à Paris, et pas seulement à Bâle ou New York.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°400 du 1 novembre 2013, avec le titre suivant : Une Fiac en belle forme

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