Comment remplacer une collection publique qui a accidentellement disparu ? Comment perpétuer l’esprit d’un ensemble constitué dans un autre contexte, à une autre époque ? Telles ont été les questions soulevées le 15 mai à Bastia lors des rencontres « Ré-invention d’une collection » consacrées au Frac Corse dont deux tiers de la collection ont été détruits par un incendie.
BASTIA - Dans la nuit du 5 au 6 novembre 2001, un incendie d’origine inconnue détruisait à Corte les deux tiers des œuvres de la collection du Frac Corse (lire le JdA n° 137, 23 novembre 2001). Parmi les 106 pièces perdues figuraient des créations de Pistoletto, Anselmo, Andre, Vilmouth, Lavier, Baquié, Turrell, Hybert, Tatah, Rüdiger, Orozco, Buren... Après cette catastrophe, et au-delà des indemnités versées par les assurances, la collectivité territoriale de Corse et le ministère de la Culture se sont mobilisés pour attribuer au Frac des crédits spécifiques pour reconstituer une collection. La structure dispose aujourd’hui d’un montant d’environ 7,5 millions d’euros. Le 20 novembre, le conseil du Frac a décidé de mettre en place un conseil scientifique constitué du comité technique actuel élargi aux membres des précédentes commissions, pour définir les axes de la “ré-invention de cette collection”. Des rencontres, qui se sont tenues le 15 mai à bord du bateau Méditerranée, amarré au port de Bastia, ont réuni directeurs d’institutions, hommes politiques locaux, critiques et artistes pour soulever quelques-unes des questions qui se posent de façon inédite à cette institution. En effet, le remplacement pièce à pièce des œuvres détruites ne peut être envisagé, les artistes ne pouvant souvent pas refaire à l’identique leurs créations détruites, même si, contactés, certains comme Dominique Gonzales-Foester, Serge Comte ou Joseph Kosuth s’y sont déjà engagés. Bernhard Rüdiger a évoqué la problématique de la reconstitution d’une œuvre qui a disparu, tandis que Gérard Colin-Thiébaut a proposé de réaliser une nouvelle création qui intégrerait dans des fenêtres des images de toutes les pièces disparues. Enfin, Philippe Cazal a fait la synthèse des possibilités qui s’offrent aujourd’hui aux artistes : reconstruire l’œuvre ou en proposer une nouvelle. Pour Patrick Tosani, ces questions se posent avec moins d’acuité puisqu’il peut encore réaliser un nouveau tirage de sa photographie disparue.
Mais au-delà de la reconstitution de cette collection ont été évoquées les conditions de conservation souvent inadaptées dans lesquelles sont entreposées les œuvres appartenant aux Frac. La réserve de Corte était en effet loin d’offrir des conditions décentes à la préservation du patrimoine. Aussi, la reconstitution du Frac Corse doit-elle s’accompagner d’une mise à disposition de locaux aux normes pour protéger les œuvres. Il a ainsi été annoncé au cours de ces rencontres le déménagement du Frac de Corte à Bastia. Il s’y installerait dans les anciens entrepôts Mattei dont l’acquisition foncière pourrait avoir lieu en 2003. Outre un lieu d’exposition et de conservation pour le Frac, ce bâtiment accueillerait également le Centre méditerranéen de la photographie. Le Frac conserverait néanmoins son espace d’exposition de Corte, la ville universitaire corse, et disposerait également à terme d’un autre qui reste à aménager à Ajaccio.
L’ensemble des débats qui se sont déroulés le 15 mai vont donner lieu à la publication d’actes dans un souci de pleinement informer le public sur le devenir de la collection du Frac Corse.
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Une collection à réinventer
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°151 du 14 juin 2002, avec le titre suivant : Une collection à réinventer