En reprenant Paul-Bert et Serpette, l’homme d’affaires Jean-Cyrille Boutmy court un risque.
SAINT-OUEN - Comment redynamiser les puces de Saint-Ouen ? C’est le défi auquel est aujourd’hui confronté Jean-Cyrille Boutmy s’il souhaite rentabiliser son rachat des deux marchés les plus importants des puces de Saint-Ouen : Paul-Bert et Serpette. Engluée dans des litiges sans fin avec les marchands, la société de gestion immobilière Grosvenor qui appartient au duc de Westminster a préféré lui revendre les lieux, malgré une perte estimée par le quotidien Les Échos à 20-25 millions d’euros. Une moins-value cependant anecdotique pour un groupe international qui vient d’annoncer des bénéfices avant impôt en hausse de 38 %, portés à 507 millions de livres (616 millions d’euros). Il revient maintenant au nouveau propriétaire de trouver l’équilibre financier pour une société immobilière qui a réalisé l’an dernier un chiffre d’affaires (dû aux loyers) de 4,4 millions d’euros pour une perte de 479 000 euros. Un équilibre délicat compte tenu des coûts structurels (six salariés), des travaux à réaliser et surtout des nombreux retards de paiements des marchands toujours à court de trésorerie. Cette situation tient aussi largement au lent déclin des Puces depuis plusieurs années. Les difficultés économiques en France, un euro fort qui décourage les acheteurs américains, la raréfaction de la marchandise, l’insécurité endémique dans une zone où marchands et acheteurs se promènent avec beaucoup d’argent liquide sur eux, ce que savent les malfrats, une image dégradée : ces facteurs alimentent une dynamique négative. Les marchands, démoralisés, ferment souvent leur boutique le lundi.
Et pourtant, Paul-Bert et Serpette, les deux marchés haut de gamme parmi la dizaine que comptent les puces, ne manquent pas d’atouts. Avec ses 350 marchands, sans compter ceux installés dans les autres rues, c’est le plus grand rassemblement au monde d’antiquaires. Nombreux sont les grands « galeristes » de Saint-Germain-des-Prés ou du Carré Rive Gauche à y avoir fait leurs armes. Ils continuent d’ailleurs à venir s’y approvisionner régulièrement. « C’est le plus beau salon d’antiquaires ! », affirme le repreneur qui mise sur la communication numérique et l’événementiel pour faire revenir les acheteurs et sur « le dialogue » pour mettre fin aux procès en cours avec les marchands. « Chacun a intérêt à ce que cela marche », ajoute-t-il, rappelant que les prix des baux ont baissé. Ces recettes ont fait le succès de son groupe Studyrama, organisateur de salons d’orientation et éditeur, un groupe qui réalise 25 millions de chiffre d’affaires. Il peut compter aussi sur la banque BNP Paris Développement, actionnaire à 15 % de Studyrama et qui l’a accompagné dans ce rachat. Mais sa meilleure carte pourrait bien être William Delannoy (apparenté UMP), l’ancien président de l’association des marchands des puces qui vient de ravir la Mairie de Saint-Ouen à la municipalité communiste.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Un saut risqué
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°413 du 9 mai 2014, avec le titre suivant : Un saut risqué