Un Poussin qui fera des heureux

PARIS. Élue de Strasbourg, Catherine Trautmann veut convaincre les musées parisiens de prêter certains de leurs chefs-d’œuvre à de grands musées de région. Outre la venue d’un Lorrain pour un an au Musée des beaux-arts de Nancy, un Fragonard, un Le Sueur et un Corot devraient être respectivement déposés à Orléans, Rouen et Grenoble. D’autres suivront. Ce désir de corriger un déséquilibre entre Paris et la province, souvent exprimé par la ministre de la Culture, se manifeste à un moment opportun puisque que le Musée du Louvre, riche de 37 tableaux de Nicolas Poussin, vient d’en acquérir un nouveau, La Vision de sainte Françoise Romaine, pour 45 millions de francs, comme nous l’avions annoncé le 4 décembre (le JdA n° 72). L’achat a été rendu possible grâce au concours de la Société des Amis du Louvre (pour environ 20 millions), du Fonds du Patrimoine et de la Réunion des musées nationaux. Jugée “unique par son style et par son iconographie” par Jean-Pierre Cuzin, chef du département des Peintures, cette toile, exécutée en 1657 à la demande du cardinal Giulio Rospigliosi, futur Clément IX, n’était connue que par la gravure, avant d’être retrouvée dans une famille du Midi. “La toile est dans un état de conservation exceptionnel et a gardé tous ses empâtements. Elle ne demande qu’un allégement des vieux vernis”, estime par ailleurs le conservateur. Sainte Françoise Romaine y est figurée à genoux devant une figure féminine qui représente l’Église, tandis qu’à l’arrière-plan, la Peste sous la forme de Méduse traîne des cadavres.