Un soir de noces, Yvonne (Madeleine Renaud) emprunte une seconde son voile à la mariée. Tandis qu’elle s’en coiffe et s’approche d’un miroir, nous devinons qu’une autre Yvonne, plus jeune de dix ans, va se superposer dans son esprit à ce reflet-ci. Nous n’avons pas accès à ce fantôme, le flash-back reste invisible mais, à l’instant du déploiement, alors que nous ne voyons plus le reflet d’Yvonne qu’à travers le voile, se matérialise sous nos yeux un peu de son émotion. Celle suscitée par une image possiblement présente, qu’il s’agit de recomposer. Soudain, un malaise étreint Yvonne. Nous en connaîtrons plus tard la cause, strictement physique, mais il peut aussi bien représenter la manifestation d’un effroi quant à sa jeunesse perdue, d’un brusque doute sur ce mariage... Transparentes nous sont les pensées d’Yvonne, elles fulgurent dans tous les sens, au cœur d’un espace délimité par un voile et son envers reflété, et le corps emprisonné, comme traversé par les rayons d’une radiographie, devient pur réceptacle, une chambre d’écho pour l’âme.
- Remorques de Jean Grémillon (1941), MK2 éditions, à partir de 23 s, sortie le 14 mai.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Un plan de Remorques
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°536 du 1 mai 2002, avec le titre suivant : Un plan de Remorques