PARIS
La Fondation Pernod Ricard inaugure sa nouvelle adresse, plus conviviale que la précédente, et renforce son soutien à la scène française.
Paris. En quittant la rue Boissy d’Anglas où elle était établie depuis vingt ans, la Fondation Pernod Ricard a dit au revoir à un hôtel particulier au cachet très parisien sis dans les beaux quartiers, où elle organisa la tenue de quelque cent cinquante expositions et autant de vernissages courus. Elle rejoint, à proximité immédiate de la gare Saint-Lazare, le siège mondial du groupe et y gagne un emplacement flambant neuf, plus spacieux et plus pratique, de plain-pied et doté de nombreux atouts. Le duo de NeM-Niney et Marca architectes a aménagé ce lieu pensé pour être, à l’image de sa programmation entièrement gratuite, le plus accessible et le plus vivant possible. Mais aussi le plus fonctionnel, à l’instar d’un nouvel outil dont se pourvoit ainsi la fondation, avec pour objectif, rappelle sa directrice Colette Barbier de « soutenir les artistes de la scène française, au sens large, c’est-à-dire ceux qui vivent sur notre territoire ».
Les espaces d’exposition respectent une échelle humaine (300 m2) et sont modulables, éclairages compris. Leurs cimaises, démontables et recyclables, peuvent se ranger entre deux accrochages. La surprise vient du mur du fond de ces salles au design a priori banal : une grande baie vitrée offre en effet une vue spectaculaire en surplomb des voies ferrées de la gare Saint-Lazare, faisant entrer le monde extérieur dans le white cube. Clin d’œil à l’exposition collective inaugurale « Le juste prix », dont Bertrand Dezoteux a assuré le commissariat, deux panneaux publicitaires affichent sur le quai une image extraite de son film d’animation Endymion– à voir à la fondation jusqu’au 12 juin – redoublant l’effet de télescopage entre réel et virtuel que Dezoteux cultive dans son travail.
À l’autre extrémité du bâtiment, un auditorium d’une capacité de cent douze places sert, entre autres, d’écrin à des cycles d’entretiens sur l’art, la poésie, la littérature ou la société. Chaque mois, une personnalité viendra commenter ses dix livres de chevet, ou plus, comme Arnaud Desplechin, arrivé sur place avec deux volumineuses valises de bouquins. L’auditorium jouxte la « Traverse », espace intermédiaire polyvalent évoquant un forum moderne avec sa volée de gradins en bois blond. Cette « Traverse » se prêtera aux performances, aux conférences, mais aussi, ponctuellement, à la présentation d’œuvres de format XXL, telle l’installation Sick Sad World de Tarek Lakhrissi, cet été, l’un des neuf nommés pour le prix 2020-2021 de la fondation. Des rideaux gris perle permettent si besoin d’occulter la lumière du jour.
Mathieu Mercier a suivi l’ensemble du projet et conçu la librairie- bibliothèque qui occupe le centre de cet espace et dont les casiers, plus hauts que larges, créent par leurs proportions une esthétique harmonieuse. Ce motif de grille est repris par une œuvre de l’artiste, immense nuancier de couleurs inséré à même le vaste panneau mural. Très visible depuis l’extérieur, celui-ci accueille en effet une toile tendue selon un système ingénieux qui permet de la renouveler. D’autres artistes sont présents à travers des objets ou des éléments de mobilier spécifiquement créés, telles que les lampes dessinées par Neil Beloufa, la poignée de porte signée Marie Lund, le tapis imaginé par Katinka Bock, les chaises de Benoît Maire, jusqu’aux vasques des sanitaires de Natsuko Uchino…
La librairie et maison d’édition parisienne After 8 Books est en charge du rayon livres, qui fera écho à la programmation de la fondation, tandis que le coin bibliothèque, en libre accès, invite à une fréquentation informelle de son espace. Celui-ci est prolongé par les tables du café-restaurant. Baptisé café Mirette, il sera ouvert toute la journée et l’on pourra également y bruncher le samedi matin. C’est l’équipe de la Pantruchoise qui s’est vu confier la carte élaborée avec des produits locaux, et l’on peut gager que l’adresse deviendra rapidement un lieu de rendez-vous. À la fois central et à l’abri de la circulation, ce nouvel espace dispose en outre d’une superbe terrasse d’été installée sur le parvis, agrémenté d’îlots végétaux et de racks pour vélos.
Dès le 22 juin (*) et jusqu’à la fin juillet, les salles d’exposition plongées dans le noir accueilleront un solo d’Isabelle Cornaro consacré à son œuvre vidéo, un pan moins connu de sa pratique et rarement montré. En modifiant la formule de son prix, sur le modèle d’un compagnonnage d’un an, la Fondation Pernod Ricard présentera aussi régulièrement les cartes blanches des artistes sélectionnés par le commissaire invité (cette année, Lilou Vidal), avant l’exposition collective qui leur sera consacrée à la rentrée. « Au-delà de ce nouveau lieu, l’avantage d’avoir rallié le groupe, explique Colette Barbier, c’est que nous bénéficions du soutien de ses nombreuses filiales pour montrer les artistes à l’étranger, ce qui étend notre champ d’action. » Une nouvelle adresse et de nouvelles ambitions, donc.
(*) Contrairement à ce que nous avons écrit dans le JdA n°568, l'exposition d'Isabelle Cornaro Solo Show commencera le 22 juin et non le 21 comme il était précisé sur le site de la fondation.
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Un nouveau rendez-vous de l’art à Paris Saint-Lazare
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°568 du 28 mai 2021, avec le titre suivant : Un nouveau rendez-vous de l’art à Paris Saint-Lazare