Aurélie Filippetti a profité de ses vœux à la presse pour présenter son « pacte citoyen » censé unifier toute son action à venir.
PARIS - Les premiers vœux à la presse de la ministre de Culture et de la Communication étaient à la mesure de la température polaire extérieure. Alors que Frédéric Mitterrand recherchait la connivence avec l’assistance, Aurélie Filippetti a prononcé son discours d’une voix étrangement distante. Sur le fond, elle a voulu montrer le sens de son action jouant du contraste entre la « politique inadaptée » de ses prédécesseurs et le « nouveau pacte » qu’elle entend promouvoir. La rhétorique est ici classique, voire biblique, pour donner du souffle et de la cohérence à son action, rien de mieux qu’une alliance, forcément nouvelle. Pas facile en effet d’envoyer un signal positif au monde culturel et à ses commentateurs, lorsqu’on a été obligé d’accepter une baisse de son budget. La ministre assume cependant courageusement cette baisse et n’hésite pas à parler de la crise économique et de la nécessité de mettre un frein à la construction d’équipements culturels non financés. C’est un point de vue qui fait aujourd’hui largement consensus, même si tout le monde se réjouit, à commencer par la ministre dans les colonnes du Journal des arts (JdA n° 367 du 12 avril 2012) du Louvre-Lens, du Mucem ou de la Philharmonie.
Elle a confirmé que l’année 2013 serait rythmée par au moins deux lois. Une « grande » loi sur le patrimoine, évoquée en septembre dernier et qu’elle n’a pas détaillée, mais dont on sait déjà qu’elle concerne entre autres les sites inscrits sur la liste de l’Unesco, la protection de l’environnement des édifices remarquables et la réforme de l’archéologie préventive.
Des dossiers sensibles pour 2013
Cette loi aura son pendant dans le domaine de la création – abordée en juillet 2012 devant les parlementaires – et devrait surtout concerner le spectacle vivant, avec un catalogue de mesures non spécifiées, dont la plus importante, ou du moins celle qui lui tient le plus à cœur, touche la parité homme-femme. La renégociation du statut des intermittents ne relève pas (encore ?) du législatif, mais la ministre surveillera ce dossier comme le lait sur le feu. Comme elle surveille attentivement ce qui avait été un marqueur de la campagne présidentielle : l’adaptation des règles de consommation des nouveaux contenus numériques culturels. Pierre Lescure, après avoir produit un bilan d’étape en décembre dernier, devrait rendre son rapport fin mars. Mais la ministre ne s’est engagée sur aucun calendrier de décision sur ce dossier particulièrement sensible au carrefour de la sacro-sainte liberté sur Internet et de la rémunération des créateurs. Le dépôt de bilan de Virgin Mégastore et le sort de ses mille salariés sont venus rappeler que les industries culturelles sont aussi des employeurs.
L’éducation artistique et culturelle, qui constituait l’autre grand engagement du candidat Hollande, ne fera pas l’objet d’une loi mais d’un catalogue de bonnes pratiques destinées aux collectivités territoriales et issues d’une consultation menée au pas de charge par Marie Desplechin. La ministre compensera la baisse de 10 % en 2013 du budget alloué au « Soutien à la démocratisation et à l’éducation artistique et culturelle » par un tour de France qui l’occupera toute l’année. Une initiative médiatique très habile qui devrait avoir le même succès d’image que son nouveau programme « une œuvre, un lieu », qui se propose d’exposer une œuvre d’art dans des lieux autres que des musées, par exemple dans des mairies, dont pourtant beaucoup abritent des œuvres historiques.
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Un nouveau pacte
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°384 du 1 février 2013, avec le titre suivant : Un nouveau pacte