L’art du jardin fait de plus en plus d’adeptes, et le 10 juin à Chaumont-sur-Loire, s’ouvre, jusqu’au 22 octobre, le Festival international des jardins. L’occasion de consacrer notre deuxième rubrique « métiers de l’art » au paysagisme. Apparu dans les années quatre-vingt, conjointement à l’essor de l’écologie, ce secteur est encore neuf et nécessite des aptitudes à la fois techniques et scientifiques, ainsi que des qualités artistiques. À l’image des compétences qu’il requiert, ce métier offre un vaste champ d’applications, de la conception de jardins et de parcs de loisirs à la réhabilitation de friches, en passant par l’aménagement d’autoroutes.
S’il existe, comme pour les architectes, un titre de paysagiste DPLG (diplômé par le gouvernement), celui-ci n’est cependant pas obligatoire pour exercer. Des formations très diverses peuvent donc conduire à ce métier, même si seulement deux écoles (celles de Versailles et de Bordeaux) sont habilitées à décerner un diplôme d’État. Des établissements privés dispensent, par ailleurs, des formations sensiblement équivalentes.
Simon Thierry, paysagiste professionnel depuis deux ans, a suivi l’enseignement d’une de ces deux écoles après avoir passé un bac B et obtenu en 1993 un Deug de géographie. Accessible sur concours pour les titulaires d’un bac plus deux, l’École nationale supérieure du paysage de Versailles forme en quatre ans les futurs paysagistes. Simon Thierry souligne la difficulté du concours et la nécessité de combler ses lacunes par une préparation adéquate : “Ma formation universitaire m’avait donné une vision assez générale du paysage et de l’urbanisme, j’ai dû pour préparer cet examen d’entrée effectuer, durant l’été, un stage dans le XIe arrondissement de Paris pour perfectionner ma pratique du dessin, et apprendre à mieux observer l’architecture et les parcs.” Hormis ce type de préparations courtes et intensives, un seul établissement prépare véritablement à ce concours : le lycée d’horticulture de Montreuil. L’importance du bagage technique n’est pas négligeable puisque la moitié des candidats admis possède un brevet de technicien supérieur agricole, aménagements paysagers. Simon Thierry précise que son cursus, plus “classique”, n’a toutefois pas constitué un handicap : “La force et la richesse de l’École du paysage de Versailles ou de celle de Bordeaux, qui propose une formation similaire, c’est justement d’accueillir des étudiants (architectes, plasticiens, jardiniers) issus d’horizons très différents.” Le seul bémol à apporter réside dans l’enseignement informatique qui demeure, selon lui, rudimentaire et inadapté aux besoins du marché du travail, la majorité des agences de paysagistes, des architectes et maîtres d’ouvrage étant désormais équipée et informatisée. Afin d’éliminer cette déficience et mettant à profit la courte période de chômage qui a suivi sa sortie de l’école en 1998, il a effectué un stage informatique complémentaire. Après avoir travaillé pendant deux ans dans différentes agences de paysagisme et bureaux d’études, il a aujourd’hui décidé de devenir indépendant en s’associant avec une camarade de promotion, et en créant “L’atelier B 612” (nom de la planète du Petit Prince) en Seine-et-Marne.
En pleine croissance, le secteur compte à présent un millier de paysagistes, qui travaillent pour une large part d’entre eux dans des cabinets d’urbanisme, d’architectes, ou au service d’une administration. Ce chiffre reste pourtant relativement modeste en regard des besoins actuels et futurs. Quant aux rémunérations, elles varient fortement selon le statut adopté, autour de 10 000 F net pour un paysagiste salarié. En ce qui concerne les indépendants, les revenus sont plus fluctuants, soumis aux aléas des commandes. “Certains travailleurs libéraux ne gagnent que le SMIC pendant un ou deux ans, puis leur situation décolle tout à coup. C’est un pari que j’ai choisi de tenter”, conclut Simon Thierry. Les contraintes et les risques encourus par cette décision sont largement compensés par l’immense variété des chantiers traités (jardins, aménagements urbains) et par la satisfaction de suivre un projet de sa phase initiale à son terme. Les opportunités dans les secteurs privé et public sont réelles, mais nécessitent un travail de prospection et de démarchage sérieux. Dans tous les cas, les concours organisés par les collectivités locales restent les débouchés majeurs de la profession.
- École nationale supérieure du paysage de Versailles, 4 rue Hardy, 78009 Versailles. Tél : 01 39 24 62 00.
École d’architecture et de paysage de Bordeaux, domaine de Raba, 33405 Talence Cedex. Tél : 05 57 35 11 00.
- Institut national d’horticulture, 2 rue Le Nôtre, 49045 Angers Cedex 01. Tél : 02 41 22 54 54.
- Lycée d’horticulture, 16 rue Paul-Doumer, 93100 Montreuil. Tél : 01 48 70 41 10.
Les écoles privées :
- École supérieure d’architecture des jardins et du paysage, 49 rue de Bagnolet, 75020 Paris. Tél : 01 43 71 28 53.
- École nationale supérieure de la nature et du paysage, 5-7 rue des Grands-Champs, 41028 Blois. Tél : 02 54 78 37 00.
Les manifestations :
- Festival international des jardins de Chaumont-sur-Loire, du 11 juin au 22 octobre 2000.
- « L’art du jardin », hippodrome de Longchamp, du 26 mai au 28 juin 2000.
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Un métier polyvalent
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°107 du 9 juin 2000, avec le titre suivant : Un métier polyvalent